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Décembre 2024

 

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  fleche10 Décembre 2024 :
Du congélateur au micro-ondes… et de la langue de bois à la gueule de bois

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Le spectacle que nous donne depuis des semaines la politique française estparticulièrement affligeant. Les intérêt partisans et les petites combines d’appareil prennent le pas sur les problèmes sociaux du pays. Les uns ne pensent qu’à l’électionprésidentielle à venir : Marine Le Pen, menacée d’être condamnée à l’inégibilité, voudrait accélérer les échéances, tout comme Jean-Luc Mélenchon qui se sentvieillir et voudrait très vite un second tour face à elle (ce qui la ferait sans doute l’emporter), Laurent Wauquier ne veut pas se mouiller pour ne pasavoir de passif, comme Gabriel Attal qui, ne sentant pas prêt,  n’est pas pressé. D’autres, en particulier chez les socialistes, pensent aux législatives et ne veulent pas insulter l’avenirpour s’assurer des désistements qui les feront réélire, etc.

Le résultat, nous l’avons tous sous les yeux. Pas  d’idées nouvelles, aucune proposition, rien. Ou encore des propositions sans financement. On ressort du congélateur les vieuxéléments de langage, une langue de bois que l’on passe au micro-ondes et qu’on nous ressert. Les politiques passent les plats comme on l’apprend  à l’école hôtelière, parfois avec style, mais leurs plats sont le plus souvent réchauffés. Au bout du compte, ils sont tous commeEmmanuel Macron, le Président de la république, qui s’accroche désespérément à ses idées qui deviennent éculées comme le naufragés du radeau de la Méduse s’accrochaientà leurs planches et bouffaient sans doute les plus faibles.

Mais sous ces pesantes langues de bois, nous risquons bien d’avoir au bout du comptetous la gueule de bois.

 


 

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  fleche1er  Décembre 2024 : Le bal des faux-culs

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Je pourrais citer de nombreux autres exemples, venant de différents pays, mais je vais m’en tenir ici au numéro du quotidien tunisien  La Presse du 27 novembre 2024. Dans un éditorial en page une, traitant de la décision de la Cour Pénale Internationale de lancer un mandat d’arrêt contre Netanyahou, et dans un article en page 7 on lit successivement  « premier ministre sioniste, appareil d’Etat sioniste, occupants sionistes, Etat sioniste, entité sioniste, frappes sionistes, diplomatie sioniste, armée sioniste, soldat sionistes». Et,   à la fin de l’édito, on trouve cette phrase dans laquelle apparaît soudain le nom d’Israël :

« La question qui se pose maintenant est de savoir si les pays occidentaux, alliés d’Israël, respecteront les normes internationales ou privilégieront leur alliance avec l’Etat sionistes ». On peut y voir la volonté stylistique de ne pas répéter deux fois sioniste dans la même phrase, ou l’utilisation d’Israël lorsqu’on traite des pays qui le reconnaissent mais, surtout, la preuve que dans tout ce qui précédait, sioniste était synonyme d’israélien.   

Langue de bois ? Bien sûr, mais qu’il faut analyser plus précisément. Car il y a dans l’adjectif sioniste autre chose que ce que nous dirait un dictionnaire (par exemple : « Doctrine et mouvement politique dont le but est la construction, la consolidation et la défense d'un État juif en Palestine, près de Jérusalem »),  une volonté d’invisibiliser  Israël, de nier son existence en tant qu’état. Dès lors se pose une question : en quoi ce remplacement systématique d’israélien par sioniste  fait-il avancer la cause palestinienne ? Et que fait l’état tunisien (qui contrôle très largement la presse) pour cette cause ? Rien, bien sûr, mais nous y reviendrons.

D’un autre côté en effet, les appels à l’instauration de deux états et les appels  à la paix se multiplient. Or, si faire la paix c’est faire taire les armes, le minimum serait alors de ne plus en livrer. Or ni Israël, ni le Hamas ni le Hezbollah n’ont les moyens de mener la guerre sans les livraisons des Etats-Unis pour le premier, de l’Iran pour les seconds. Qu’attendent donc ceux qui appellent la paix de leur vœux pour mettre les Etats-Unis et l’Iran sous embargo ? L’embargo sur l’Afrique du Sud ne fut pas pour rien dans la fin de l’Apartheid. Pourquoi ne pas boycotter tous les produits venant de l’état voyou qu’est Israël ? Et ne pas boycotter tous les produits venant du fournisseur d’armes que sont les Etats-Unis. Et que dire des pays arabes (le Maroc, l’Egypte, etc.) qui entretiennent des relations diplomatiques avec Israël ? Le traiter d’entité sioniste ne signifie rien : il s’agit d’un pays qui existe, dont le gouvernement mène une politique colonialiste et criminelle, politique dont bon nombre de pays arabes sont les premiers bénéficiaires. Le prix des tomates ou du pain augmente, le peuple gronde ? On suscite des manifestations « antisionistes » ou « pro-palestiniennes » qui font oublier un temps les problèmes locaux ! Et on passe à autre chose.

Quant aux manifestations dans les pays occidentaux, elles profitent sans doute aux vendeurs de keffiehs noirs et blancs, qu’on y porte pour marquer son soutien à la Palestine, avant d’aller boire un coup au bistrot le plus proche. Et j’imagine très bien qu’un jour proche ces keffiehs seront produits en France par la haute couture… Ce serait très chic de défiler avec un keffieh Hermès, mais cela n’empêcherait en rien le massacre des Gazaouis à l’aide d’armes américaines.

Ce bal des faux-culs est désespérant. Что дѣлать? « Que faire ? », écrivait Lénine dans un tout autre contexte. Que faire en effet. Mais j’avoue que quand je vois certains de mes collègues, keffieh autour du coup, affirmer leur soutien au peuple palestinien avant de présenter une communication sur les études postcoloniales, ou sur la syntaxe du kirghize ou encore, pourquoi pas, sur la vie amoureuse des moustiques, cela me fait rire jaune.

 

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Novembre 2024

 



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  fleche22 Novembre 2024 : Symbolisme et inefficacité

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Elon Musk sera donc le cost killer du futur gouvernement de Trump. Ce qui signifie qu’il va couper à fond dans les dépenses publiques et multiplier ses propres bénéfices sur le compte du budget de l’état. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

En attendant de se remplir un peu plus les poches,  il inonde son compte X (ex twitter), désormais débarrassé de toute régulation ou modération, de messages de plus en plus fantaisistes. S’appuyant sur les déclarations d’un chanteur anglais selon qui les prisons européennes étaient remplies de gens critiquant le politiquement correct, il a lancé que l’Angleterre devenait un état policier. Puis, commentant des courbes de natalité en baisse, il a expliqué que l’Europe se mourrait…

Désormais ceux qui s’intéressent à l’information, au premier rang desquels les journalistes, doivent passer plus de temps à vérifier et à démentir les fake news qu’à en chercher des fiables. Les quotidiens britannique The Guardian  et espagnol La Vanguarda avaient déjà suspendu leurs comptes X, il viennent d’être suivis par le français Ouest France.

Ce dernier explique   qu’il « ne semble en effet ni judicieux ni opportun d’’y être actif, tant que de sérieuses garanties ne sont prises face à la désinformation, face au harcèlement et face à la violence ».

On peut douter de l’efficacité de ces décisions, qui n’enlèveront pas grand-chose aux bénéfices d’Elson Musk, qui a par ailleurs environ deux cents millions de followers avides de ses mensonges. Mais il ne faut pas négliger la valeur symbolique de la démarche de ces trois quotidiens.

Autre décision sans doute plus symbolique qu’efficace, celle de la Cour Pénale Internationale, qui vient de lancer un mandat d’arrêt de Netanyahou et de son ancien ministre de la défense pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans la bande de Gaza. Netanyahou a crié à une nouvelle « affaire Dreyfus » et la population du pays, droite et gauche confondues,  semble le soutenir… Théoriquement le dirigeant israélien ne pourra pas se déplacer dans plus d’une centaine de pays, sous peine d’être immédiatement arrêté. Mais on doute que beaucoup aient le courage d’appliquer ce mandat.

Quoiqu’il en soit, dans le cas de X comme dans celui de Netanyahou, même si elles sont inefficaces, ces décisions sont plutôt une bonne nouvelle. Il est en particulier  important d’en finir avec l’impunité d’un état voyou comme celui d’Israël qui non seulement ne respecte aucune décision internationale mais en outre est en train, à coup de massacres inhumains, de préparer une nouvelle colonisation du territoire palestinien. Que les Israéliens acceptent les pratiques honteuses de leur gouvernement et de leur armée, c’est leur problème. Que la communauté internationale ferme les yeux sur ces crimes, cela a assez duré.


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  fleche11 Novembre 2024 :
Retraite

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Pour l'appel au peuple du 8 novembre, c'est réglé, merci. Il s'agissait d'une pièce d'Alberto Moravie, Il mondo é quelle che é. Nous pouvons donc passer à autre chose.

Si l’on regarde d’une œil bienveillant (enfin, n’exagérons rien) le programme, ou les promesses de campagne, de Trump, il y a de quoi être rassuré. Il a  en effet annoncé qu’il serait dictateur le premier jour de son mandat pour fermer les frontières (il est d’ailleurs très modéré, car vivant en Floride il aurait pu penser à jeter tous les étrangers aux alligators… ) et « forer, forer, forer » (c’est-à-dire inonder son pays de pétrole. Puis qu’il réglerait l’affaire ukrainienne en un seul jour et le problème palestinien (enfin, il ne prononce pas cet adjectif, disons le problème du Proche Orient)  en un tour de main. En quelques jours, voire deux ou trois semaines, tous les problèmes du monde seront donc résolus.

C’est rassurant, non ?. Pourquoi rassurant? Parce qu’il pourra prendre sa retraite dès le 31 janvier, pardi !

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  fleche8 Novembre 2024 :
Appel au peuple

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Du moins appel au peuple qui connaît la littérature italienne et a de la mémoire. Je suis à la recherche d’un livre que j’ai lu au début des années 1960 (je crois qu’il s’agissait d’une pièce de théâtre) dans lequel une société un peu bobo pratiquait une sorte de jeu de société. Il y a avait des parole malate (des mots malades) qu’il ne fallait pas prononcer et si quelqu’un le faisait les autres s’écriaient multa ! multa ! (amende !). Je ne retrouve ni le nom de l’auteur ni celui de l’œuvre. Ca dit quelque chose à quelqu’un ? Et merci par avance à qui saura me rafraichir la mémoire, mais j’ai absolument besoin de retrouver ce texte.

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  fleche7 Novembre 2024 :
Trump n’ira pas (ou pas encore) en prison ?

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Comment
 réagir aux résultats de l’élection américaine ?

Se demander comment un tel clown, plusieurs fois mis en examen ou condamné par la justice, a pu être réélu ?

Se demander comment des électeurs peuvent prendre au sérieux un homme spécialiste de bobards, de mensonges, dont ilinonde les réseaux sociaux ?

Se demander comment des femmes ont pu voter pour un macho fier de l’être ? (Au fait comment se fait-il que l’on trouvenormal d’intervenir par la loi sur le corps des femmes alors qu’aucune moi à ma connaissance ne concerne celui des hommes ?).

Se demander comment un homme qui, il y a bientôt quatre ans, s’est comporté comme un putschiste  en incitant des foules armées en envahir le Capitole, peut redevenir président d’un pays se présentant commedémocratique ?

On demander comment un bouffon, repris de justice et qui risque le 26 novembre à New York d’être condamné à de la prison(le procès avait été suspendu pour ne pas gêner la campagne) peut être Président des Etats-Unis ? (petite précision : il peut s’autoamnistier dans les procès fédéraux mais pas dans ceux qui se jugent devant la justice d’un état).


 

Le fric est en effet l’un des moteurs de son élection, et l’on a même de hommes d’affaires noirs américains votant républicains.  Mais il y a aussi les religions fondamentalistes, dont les membres ne se font aucun illusion sur la moralité de l’individu mais l’élisent parce qu’il interdira encore plus la contraception et l’interruption volonté de grossesse, ou parce qu’il défendra Israël. D’autres qui votent pour lui par haine des migrants, par obsession des frontières. En bref la partie du peuple américain qui a élu Trump se fout de la morale, des bienséances, de la justice… Les dizaines de millions de ses électeurs se regroupent derrière un slogan en forme de sigle, MAGA (Make America Great Again). Nous pourrions noter qu’America est une sorte d’imposture : l’Amérique s’étend du Sud su Chili au Nord de l’Alaska et les USA n’en sont qu’une petite partie. Et il faut pas oublier que leur « grandeur » repose d’abord sur un génocide, celui des « native americans », les indiens, et que leur expansion économique s’est ensuite appuyée sur l’esclavage…

 

Quelles seront les victimes de cette élection ? Sûrement pas les boursicoteurs qui se réjouissent par avance de la hausse du dollar. Mais en premier lieu le peuple Palestinien, face à Netanyahou qui se réjouit, comme le hongrois Orban, de l’arrivée d’un de leurs semblables au pouvoir américain. Ensuite l’Ukraine, qui risque de voir disparaître l’aide des USA. Et puis l’économie mondiale, celle de l’Europe en premier lieu.

 

Pour revenir au procès du 26 novembre à New-York, une question demeure : Trump  ira-t-il ou non en prison ? Ce serait assez original qu’il soit arrêté par la police new-yorkaise avant son intronisation. Qu’il gouverne le pays de derrière les barreaux, comme certains mafieux gèrent leur trafic de drogue depuis leur prison. On peut toujours rêver…

Mais au de-delà des rêves il y a une réalité : la démocratie n’est jamais acquise définitivement, elle est fragile. Et ce qui risque se produire aux USA pourrait bien préfigurer  ce qui se passera en France, lors de l’élection présidentielle de 2027.

 

 

 

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  fleche3  Novembre 2024 :
حوت ياكل حوت وقليل الجهد يموت

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Je rentre de Tunisie où s'est tenu un colloque sur le cinquantième anniversaire de la publication de mon livre Linguistique et colonialise. C'était pour moi touchant de retrouver des collègues ou des amis de longue date, et passionnant d'écouter de jeunes chercheurs qui n'étaient pas nés il il a un demi-siècle et développaient parfois des positions nouvelles ou contradictoires.

Sur l'affiche du colloque vous pouvez voir une tête dessinée par Kerleroux pour la couverture d'une des éditions en poche du livre. Dans la bulle, à l'époque, on lisait Français go home!  A droite un poisson dont le corps est composé de la traduction de mon idée de glottophagie dans différentes traductions. Bravo au graphiste.

 

 

Mais ce qui me frappe le plus c'est que cette composition renvoie à un proverbe tunisien

حوت ياكل حوت وقليل الجهد يموت

qui dit "les poissons mangent les poissons, les plus faibles disparaissent". Belle métaphore! Bref je suis rentré de ce colloque bien content.


Autre chose qui n'a rien à voir (encore que...). La Corée du Nord vient d'annoncer l'envoi de 10 à 12.000 hommes de troupe en Russie pour participer à l'invasion de l'Ukraine. Ce qui pourrait signifier plusieurs choses. Tout d'abord que Poutine manque de soldats,  ou qu'il ne parvient plus à en mobiliser malgré les grosses sommes qu'on leur promet. Mais peut-être aussi que le même Poutine et Kim-Jong-un donnent à voir les préparatifs de la troisième guerre mondiale, qui semble avoir d'ores et déjà débuté. Selon certaines sources, une partie des soldats nord-coréens auraient pour fonction de surveiller que les autres ne désertent pas. En outre, le gouvernement coréen ferait savoir à ses troupes que les familles des combattants demeurant au pays, elles constituent un moyen de pression sur leurs rejetons s'ils ne combattaient pas de façon satisfaisantes....

Cette opération nous ramènent au colonialisme et à la linguistique d'une autre façon. Il va de soi que si les Russes et les Ukrainiens se comprennent sans trop de difficultés, il n'y a aucune intercompréhension entre Russes et Nord-Coréens. Les Russes auraient mis en place un programme pour enseigner une centaine de termes militaires militaires russes aux Nord-Coréens. Mais cela ne permettrait pas vraiment de diriger des troupes. A suivre, donc. Une dernière chose. Si  les poissons mangent les poissons et que les plus faibles disparaissent, quels seront les poissons le plus faibles  sur ce front trilingue. Cela ne vous rappelle pas ce qu'on appelait naguère les tirailleurs sénégalais ou les tirailleurs algériens?





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Octobre 2024

 

 

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  fleche17 octobre 2024 : Vice et vertu

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Il y a en Afghanistan  un ministère au nom extrêmement poétique : Ministère de la promotion de la vertu et de la répression du vice. Beau programme !

Ce ministère salutaire s’est jusqu’ici essentiellement occupé des femmes. Elles doivent couvrir leur corps entièrement en présence d’hommes n’appartenant pas à leur famille, ne pas faire entendre leur voix (le son d’une voix féminine à l’extérieur du foyer est  considéré comme une violation morale), celles qui ne portent pas la burqa sont fouettées. En bref elles ne doivent pas exciter les hommes. Et personne n’a pensé à une solution alternative : crever les yeux des hommes pour qu’ils ne puissent plus regarder les femmes

Je ne sais pas si c’est pour promouvoir  la vertu ou pour réprimer le vice, mais ledit ministère vient d’interdire la représentation, par le dessin ou la caricature, de toutes les créatures vivantes créées par Dieu : du poisson rouge au diplodocus en passant bien sûr par les humains. Cette interdiction qui découlerait de la charia n’est pourtant pas appliquée par le chiites : pour eux, seul ne prophète ne doit pas être représenté. Le Ministère de la promotion de la vertu et de la répression du vice devrait donc en bonne logique condamner les miniatures persanes, mais les talibans  ne veulent peut-être pas se fâcher avec l’Iran…

Certaines applications de ces beaux principes laissent cependant rêveur. Ainsi une femme vient d’être condamnée à dix mois de prison ferme pour avoir poignardé son père. Pour sa défense, elle a déclaré qu’il l’empêchait de porter le voile. Si cela était vrai, où donc se trouve le vice et où se trouve la vertu ? N’est-ce pas le père qui était condamnable ? Mais peut-être la charia précise-t-elle qu’entre l’homme et la femme c’est toujours la femme qui doit être condamnée…

Autre condamnation étonnante : Le rappeur Toomaj Salehi a été condamné à mort pour «corruption sur terre». N’étant pas juriste, j’ai du mal à comprendre ce que «corruption sur terre » peut signifier dans la droit islamique. Mais si cette sentence est appliquée, le rappeur pratiquant la corruption sur terre ne risque-t-il pas d’aller corrompre le paradis ?

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  fleche12 octobre 2024 : Orchestration sublimation

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J’ai assisté hier à Montpellier à un concert étonnant de Bernard Lavilliers. Il commence, seul avec sa guitare, par Fortalezza. Puis, avec ses quatre musiciens, il interprète cinq autres de ses chansons et, subitement, apparaissent derrière eux les 55 musiciens de l’orchestre national de  France. Pendant une heure quinze, défilent alors les titres de son dernier album, Métamorphose, harmonisée pour orchestre symphonique.

S’ajoute alors au plaisir esthétique une sorte de leçon de choses pour l’oreille. On sait qu’une chanson, son texte, sa mélodie, n’est jamais la même entre deux interprétation, qu'elle change encore lorsque l’interprète change, mais lorsqu’elle est somptueusement habillée par une telle orchestration, elle prend une autre dimension. Et, en voyant Lavilliers baigner dans sa propre musique, on est  proprement subjugué, comme si son oeuvre était sublimée par un tel environnement musical.

Il lui reste trois galas, à Paris le 13 octobre, à Rouen le 19 et à Troyes le 23. Si vous avez le temps…

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  fleche4 octobre 2024 : Bis repetita placent

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Patrick Prévost, dont j’ai publié le 2 octobre une variation sur Aznavour/Mélenchon, y a pris goût et récidive avec Marine Le Pen :

Je me vois déjà future présidente

Goûtant ma victoire en la savourant d’un sourire narquois

Je me vois déjà cheffe omnipotente

De la droite extrême naguère dirigée par mon vieux papa

 

Je suis la plus grande des néo-fascistes

Quand elle me rencontre Giorgea Meloni me salue bien bas

Je peux enfin dire que je suis raciste

Et je vais aussi pouvoir sans remords virer Bardella !

 

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  fleche3 octobre 2024 : Mensonges en politique

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 J’ai vu en début de semaine une émission de l’excellent journaliste Patrick Cohen sur les mensonges en politique. Il prenait deux exemples français (la maladie de Mitterrand et l’affaire Cahuzac) et deux exemples américains (l’affaire Clinton-Lewinsky et la magouille Bush-Powell sur l’Irak.

Sur ce dernier point, petit rappel historique.  En 2003, Bush décide de se payer l’Irak et, avec l’aide d’une agence spécialisée (Hill and Knowlton) il monte un énorme mensonge à plusieurs entrées. Les Irakiens auraient par exemple au Koweit sortis des bébés de leur couveuse (on annonce d’abord 15 morts et Amnisty International, qui tombera dans le panneau, ira jusqu’à en annoncer 300), on invente ensuite de pseudo  sites nucléaires, et Colin Powell ira jusqu’à montrer à l’ONU un faux flacon d’anthrax, arme de destruction massive que fabriquerait l’Irak…

Ce qui est le plus frappant c’est que l’histoire de Clinton a fait beaucoup plus de bruit que les mensonges de Bush et de Powell. Et on ne parle plus de ces fake news. En revanche, l’affaire Clinton reste dans toutes les mémoires, parce qu’il avait menti sur une affaire dont tout le monde aurait dû se foutre, et qui relevait de sa vie privée. La façon dont il s’était défendu, avec des arguments sémantiques enfantins (le sexe oral n’est pas une relation sexuelle…), était d’ailleurs à pleurer de rire. Pourtant, si les mensonges de Clinton n’ont eu aucune influences sur les affaires du monde, l’intervention en Irak a bouleversé la situation politique du Moyen-Orient.

Mais les USA ne font jamais d’examen de conscience, ils considèrent avoir toujours eu raison. Après avoir aidé Ben Laden et indirectement la création d’Al Qaïda,  ils ont suscité l’émergence du djihadiste, remis en selle les Talibans en Afghanistan, bref ils ont semé le bordel partout dans la région. Et ils continuent, toujours  avec la même bonne conscience. Ainsi leur soutien militaire permanent à Israël ne peut que jeter de l’huile sur le feu dans une situation explosive. Et, de façon plus générale,  ils ridiculisent le droit international, qu’Israël ne cesse de bafouer avec leur bienveillant soutien, et vident l’ONU de son sens.

Joli bilan, non ?

 

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  fleche2 octobre 2024 :Il se voit déjà

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Mon dernier billet se terminait de la façon suivante : « A quoi rêvent-ils (c’est-à-dire, vous l’aurez compris, qu’est-ce qu’ils désirent et n’ont pas) ? A quoi rêvent pas exemple Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Eric Ciotti, Laurent Wauquiez , Olivier Faure et quelques autres. A vos plumes, ou à vos claviers ! » Un de mes lecteurs, Patrick Prévost, m’a pris au mot, passant gaiement d’Aznavour à Mélenchon. Certes, ce n’est pas du Baudelaire, mais il faut bien s’amuser de temps en temps. Voici donc Je me vois déjà :

 

Je me vois déjà en haut de la liste

Des présidentielles en sortant vainqueur le soir du scrutin

Je me vois déjà détesté des riches

Et ancien trotskiste, tirant ma fierté de fair’ mieux qu’Jospin

 

Je suis le plus grand des grands politiques

Vénéré de tous avec mon portrait brandi dans les rues

Je me vois déjà faire ma république 

Nommant mes ministres, signant mes décrets en maître absolu.

 

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Septembre 2024

 

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 fleche18 septembre 2024 : 
A quoi rêvent-ils ?

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Je viens de lire un article intéressant, portant sur une banque de données comprenant 16.000 rêves en anglais d’individus les plus différents possible. Et l’analyse de ce corpus montre que  les mots portable ou téléphone n’y apparaissent quasiment pas : dans 2% des rêves seulement.

Les spécialistes  d’onirologie expliquent cela assez facilement :  nous rêvons de ce que nous désirons, de ce qui nous manque. Par exemple nous ne rêvons pas de la personne qui partage notre vie lorsqu’elle dort à côté de nous, mais quand elle est absente, en voyage, ou qu’elle nous a quittés. Donc nous ne rêvons pas de nos téléphones portables parce qu’ils ne nous quittent jamais, et cela ne relève plus de l’onirologie mais des spécialistes de l’addiction.

Dans un domaine assez semblable, j’ai entendu un philosophe disserter sur l’idée de bonheur qui, disait-il, reposait sur un désir : nous serons heureux quand nous aurons ce que nous désirons. Et, une fois la chose désirée acquise, le désir disparaitrait et avec lui l’idée de bonheur. Il prenait un exemple à la limite de la provocation : Pour un chômeur, l’idée de bonheur est de retrouver du travail. Mais lorsqu’il en a trouvé, son idée de bonheur change : il désire des congés payés plus longs, une retraite à un âge moins avancé, etc.

Tout cela m’a amené à me poser une question : quelle est l’idée de bonheur pour ceux qui vivent de et dans la politique ? De façon générale, on peut imaginer qu’ils rêvent de monter dans l’échelle des responsabilités. Un conseiller municipal rêverait d’être maire, un maire d’être conseiller régional, un conseiller régional d’être député, un député d’être ministre, un ministre d’être premier ministre et un premier ministre d’être président de la République. Ensuite ? Ils faudrait pour en avoir une idée interroger les psys de Sarkozy et de Hollande, et bientôt celui de Macron. A ce propos, jetez un coup d’œil sur un gag hilarant d’Obama lors de la précédente campagne électorale :

https://youtu.be/aRQLU3lwNYs?si=zl43E1ti5KhvLszn

Mais revenons à nos moutons. Dans la situation politique actuelle de la France, les choses semblent plus compliquées. On a d’abord dit que le premier ministre, Michel Barnier, et ses proches, recevaient des dizaines de propositions, d’offres de service, de CV, qu’ils étaient nombreux à rêver d’être ministre. Et pourtant, il n’y a toujours pas de gouvernement et l’on dit que de plus en plus de personnes refusent d’être ministre. Ce qui nous mène à un paradoxe apparent :  ceux qui rêvent de monter dans l’échelle des responsabilités ne veulent pas avoir de trop lourdes responsabilités. Bref ils rêvent de monter mais pas de responsabilités car s’ils ne sont pas à la hauteur ils risquent de redescendre très vite…

Alors, pour finir de façon studieuse, un question à laquelle vous pouvez consacrer quelques lignes ou quelques pages. A quoi rêvent-ils (c’est-à-dire, vous l’aurez compris, qu’est-ce qu’ils désirent et n’ont pas) ? A quoi rêvent pas exemple Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Eric Ciotti, Laurent Wauquiez , Olivier Faure et quelques autres.

A vos plumes, ou à vos claviers !

 

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  fleche12 septembre 2024 :
Le trumpisme, une religiosité ?

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Avant-hier soir, lors du débat qui l’opposait à Kamala Harris, Donald Trump, semblable à lui-même dans son art du n’importe quoi, m’a posé une réelle question.

Commençons par le corps du délit. Tout d’abord, avec une précision géographique digne d’un GPS, il a raconté que dans une ville de l’Ohio, Springfield (il n’a pas précisé dans quel quartier mais l’aurait fait si on le lui avait demandé) des migrants haïtiens mangeaient des chiens et des chat, ces gentils animaux domestiques qu’élèvent les bons Américains. Un peu plus tard, alors que K. Harris parlait du droit des femmes à disposer de leur corps et des manœuvres de Trump pour faire interdire l’IVG, il a dit que les partisans de l’avortement le pratiquaient même après la naissance, c’est-à-dire qu’ils tuaient des bébés. S’il avait un minimum de culture, il aurait pu inventer la formule d’ avortement post-natal.

Les deux journalistes qui animaient le débat lui ont fait remarquer que ce qu’il disait était faux, en particulier que les autorités de Springfield avaient démentis cette information. Mais peu importe. Avant même la fin du débat les communicants de Trump ont annoncé une « performance magistrale », lui-même a prétendu avoir fait « le meilleur débat de sa vie »tout en dénonçant ses conditions : c’était, selon lui, « à trois contre un » puisque les journalistes contestaient ce qu’il disait et jamais ce que disait Harris.

Bref, il m’a posé une réelle question. N’importe qui de moyennant sensé  comprend que Trump aligne des contre-vérités, et sans doute le sait-il lui-même. Mais les gens qui le soutiennent, qui se pâment devant lui, qui le considèrent comme un demi-Dieu ? J’en ai entendu plusieurs interrogés par des journalistes : pas de problème, ils avalent tout.

Quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse, le socle de ses partisans ne diminue pas. On a l’impression qu’il pourrait tuer sa femme devant tout le monde, sur le gazon de son golf de Floride, et que rien ne changerait pour lui. Même condamné, emprisonné, ces gens voteraient quand même pour lui. Et ma question est toute simple : comment qualifier cette naïveté, ou cette croyance aveugle ? Imbécillité, mauvaise foi, stupidité, connerie, complotisme, débilité mentale ?  Ou encore un mot qui résumerait peut-être tout cela : religiosité ?

Mon problème est qu’à la fois je présente quelque chose, un phénomène sociopolitique, et que je le juge. Ce que, dans ma position de surplomb, je considère comme une preuve de connerie fondamentale, et que, avec une touche de racisme je pourrais qualifier de connerie américaine , est en fait un comportement que l’on trouve partout. Ecoutez en France le électeurs du Rassemblement National s’extasier sur la musculature de Jordan Bardella (oui oui, je ne rigole pas), ou ceux de la France Insoumise se pâmer devant les tirades provocatrices de Jean-Luc Mélenchon. Vous y voyez une différence avec les partisans de Trump ?

Bref, on se sent un peu démunis face à la force grandissante des réseaux sociaux, face aux tsunamis de fake news, face au mensonge considéré comme une « vérité alternative » et donc comme un type d’information.

Face à cette religiosité des partisans de Trump, de Mélenchon, de Poutine, de qui vous voudrez, il faudrait peut-être dès l’école primaire expliquer aux enfants comment analyser, vérifier, critiquer ce qu’on leur raconte. Mais, et c’est un autre problème, cela n’impliquerait-il pas qu’on leur explique comme critiquer, analyser, vérifier, ce que racontent leurs parents.

Et voilà que je me retrouve en position de surplomb.

 

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  fleche11 septembre 2024 : Aller à la soupe

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Pendant ces deux mois de gouvernement expédiant les affaires courantes et que Macron déclarait haut et fort qu’il travaillait « jour et nuit » à trouver une solution, les couloirs du pouvoir bruissaient d’intrigues divers. Certains, comme Xavier Bertrand, ne cachaient pas leur envie d’être premier ministre. D’autres, comme l’inénarrable Ségolène Royal, donnaient même les noms des membres de leur futur gouvernement. D’autres enfin agissait dans l’ombre comme, si j’en crois certains bruits, celui qui l’emporta finalement, Michel Barnier.

Nous en sommes au second round, celui du choix des ministres. Là aussi, ça s’agite dans le Landernau politique. Un seul, Bruno Le Maire, a déclaré sans ambiguïtés qu’il ne resterait pas au gouvernement et cherchait un poste dans l’enseignement. Certains, comme Gérald Darmanin, Rachida Dati ou Sébastien Lecornu, déclarent à qui veut les entendre que si la France a besoin d’eux, ils resteraient bien sûr au service du bien public. D’autres, plus discrets, écrivent au Président ou à ses proches pour dirent qu’ils sont disponibles, au cas où…

Passons au troisième round, celui des élections législatives qui auront très certainement lieu dès que, dans dix mois, le Président pourra dissoudre l’assemblée. Ici, ce sont les députés qui sont en jeu et qui pensent déjà à concerner à tout prix leur siège. L’exemple le plus voyant est celui d’Olivier Faure, patron du PS. Réélu député grâce à l’aide de La France insoumise, il refuse la moindre indépendance de son parti et se garde bien de critiquer Mélenchon. Son avenir personnel passe avant toute réflexion politique sur l’avenir de la gauche.

Ce qui frappe le plus c’est que, derrière ces candidatures ostentatoires ou plus discrètes, il n’y a pas l’ombre d’un début de programme. Etre ministre, mais pour quoi faire ? Pour appliquer quelle politique ? Pas un mot sur ce point. Redevenir député, mais pour défendre quelle politique? Nul ne le dit. On a ainsi l’impression que tous courent après un ministère, un poste, un siège, pour le seul souci de leur propre avenir.

Cela s’appelle aller à la soupe.

Bon appétit.

 

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  fleche4 septembre 2024:
L'enfant roi

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Légèreté ? Inconscience ? Désinvolture ? Imprudence ? On ne sait comment qualifier Macron, alors qu’il se débat dans le bourbier qu’il a lui-même suscité. L’affichage de sa volonté de trouver pour Matignon quelqu’un capable de -mais de quoi ?- n’est qu’un faux semblant. Il ne cherche pas un premier ministre acceptable par l’Assemblée nationale ou par les Français, mais quelqu’un qui ne mette pas en question la politique que lui, Macron, a menée, qu’il a décidée et sur laquelle il ne veut pas revenir. Incapable de la moindre autocritique, de l’idée qu’il a pu avoir tort, incapable de comprendre qu’il est rejeté par tout le monde parce qu’il a sans cesse confondu les rôles, qu’il s’est voulu à la fois président, premier ministre, ministre de la santé, porte-parole du gouvernement, etc. etc., il est comme l’archétype de l’enfant roi. Je ne sais pas par qui ni comment il a été élevé, mais le résultat est là. Certes il ne hurle pas en public, il ne tape pas du pied, il ne claque pas les portes, mais il est un gamin qui pense avoir toujours raison et n’admet pas qu’on en doute.

Dans son rêve de royauté, il n’explique rien à personne. Tout le monde se demande pourquoi la France n’a pas encore de gouvernements. Il semble s’en foutre. La majorité des économistes disent que le pays est au bord de la faillite, que la dette est énorme. Il n’en dit mot. Il voulait casser le système des partis, et les partis lui reviennent en pleine gueule, avec leurs petits calculs politiciens et la même irresponsabilité. Mais il semble ne pas le voir. Et ces partis nous mentent et se mentent. Ils parlent d’augmentation du Smig, de baisse des prix, alors que les impôts ne peuvent qu’augmenter et le niveau de vie baisser. Situation lunaire, disent certains.

Ce qui est sûr, c’est que Macron  avait eu, après sa première élection, une formule caractéristique, se présentant comme le « maitre des horloges », mais qu’aujourd’hui il ne peut même plus s’accrocher aux aiguilles de l’horloge.  Il ne le sait pas, ou ne veut pas le voir, mais il tombera tôt ou tard. Plus dure sera la chute, la chute d’Icare ou d’Icare ou de Jupiter. Nous sommes à la fin du règne macronien et il semble ne pas le comprendre.

 

Ses amis, s’il en a, devraient se préoccuper de lui trouver un bon pédopsychiatre .

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Août 2024

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  fleche31 Août 2024:
ПУТЛЕР et lectures plurielle s

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Je suis tombé, dans le journal Le Monde de ce samedi sur une photo sur laquelle on lit  ПУТЛЕР. Si vous ne lisez pas le cyrillique, cela se prononce « poutler », ce qui ne signifie rien en russe. Cependant le regard, en montant au-dessus de ce mot, voit une photo bizarre, mais comprend très vite qu’il s’agit du visage de Poutine affublé de la mèche et de la moustache d’Hitler. Et le mot ПУТЛЕР prend alors tout son sens : Pout(ine Hi)tler. On lit dessous « ton chaudron est déjà chaud » ! L’enfer t’attend »).  « Ton », « t’ » : le texte s’adresse à une seule personne, représentée par une photo composite et par un mot valise. Ce genre de message que l’on ne peut décoder que par un va-et-vient entre différents systèmes, même si l’exemple ci-dessus est simple, souligne cependant la complexité de la communication, que la linguistique a parfois tendance à évacuer.

Nous pouvons imaginer différents exercices pratiques. Cherchez par exemple sur Internet une photo des représentants du Nouveau Front Populaire à la sortie de la rencontre avec Macron et analysez la place et l’origine des différentes personnes. Ou encore cherchez une photo de la réunion à l’Elysée au cours de laquelle Macron annonce la dissolution et analysez la mimique d’Attal et de Darmanin, et ensuite une photo du même Darmanin sortant de l’Elysée et enlevant sa cravate. Autre idée : prenez toutes le déclarations des différents acteurs politiques (« nous avons gagné », « nous sommes le premier parti », « nous avons le plus de députés », etc.), notez les sur des bouts de papier et demandez à qui vous voulez qui a dit quoi.

Bref, c’était juste pour se détendre avant la rentrée scolaire.

 

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  fleche28 Août 2024: Assassins!

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Obsédé par l’élection présidentielle et pour des raisons évidemment électorales, Mélenchon est depuis des années d’une grande complaisance envers l’islamisme et le communautarisme. Cela l’a bien sûr mené, après le 7 octobre 2024, à refuser obstinément de considérer l’attaque du Hamas comme terroriste. La gauche, en particulier le PS, paralysée par la crainte de perdre des sièges aux futures législatives sans le soutien des insoumis, se tait. Ou, du bout des lèvres, concède que oui, bien sûr, le Hamas, etc., mais le Hamas, etc.

Je sais que certains considèrent les combattants du Hamas comme des résistants, mais les résistants s’attaquent à l’armée du pays oppresseur, et  tuer, voire violer,  des civils, hommes, femmes, enfants, n’ est pas un acte de résistance, c’est du terrorisme.

 De l’autre bord on essaie tout aussi obstinément de nous faire croire que critiquer la politique de l ‘état d’Israël  est une preuve d’antisémitisme. Et cette ruse de la raison fonctionne à plein régime. Or il n’y a aucune raison de ne pas considérer Israël comme tout autre pays. Critiquer la tentative d’invasion de l’Ukraine par les armées de Poutine n’est pas un racisme anti Russes, critique la politique de la France en Nouvelle Calédonie n’est pas un racisme anti Français. Le gouvernement israélien envoie son armée massacrer des dizaines de milliers de civils dans la bande de Gaza, et c’est aussi une forme de terrorisme. Crier « Hamas assassin » n’est pas une prise de position contre les Palestiniens, au contraire : le Hamas fait obstacle à la solution de deux pays, il veut simplement faire disparaître Israël. Et crier « Israël assassin » n’est pas une crise de position comme le peuple israélien, ou contre les Juifs, c’est qualifier la politique d’un Etat.

« Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur de ce monde », écrivait Camus. Ne pas dire qu’Israël est un Etat voyou, qui ne respecte aucune loi internationale, aucune résolution de l’ONU,  qui occupe de plus en plus de territoires palestiniens et massacre des civils, ne pas dire que le Hamas est composé d’illuminés fanatisés qui se foutent du sort des Palestiniens et d’une solution politique, tout cela brouille les cartes. Livrer des armes à Israël comme le font les USA, financer et armer le Hamas comme le fait le Qatar avec la complicité de Netanyahou, c’est ajouter au malheur de peuples en finançant leurs assassins .

Alors, oui, Israël et Hamas assassins !

 

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  fleche16 Août 2024: "Bilans"...

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Macron, qui s’est récemment plusieurs planté dans ses paris (élections européennes, élections législatives…) a cependant pour une fois fait preuve de perspicacité en annonçant (ou espérant, ou ordonnant…) que la France serait parmi les cinq premières nations aux Jeux olympiques et qu’elle aurait au moins 60 médailles. Les résultats, 64 médailles dont 16 en or, lui ont donné raison. Il est vrai quelques disciplines nouvelles (breaking, kite-foil) dont l’avenir aux JO n’est d’ailleurs pas assuré, semblaient taillées sur mesure pour notre pays. Mais il est moins sûr que la perspicacité du président se poursuive : la trêve olympique a peut-être entraîné une trêve politique, mais les affaires publiques  restent confrontées aux mêmes problèmes.

Nous pouvons jeter différents regards sur les résultats. Le classement final, pour les 5 premiers pays, est le suivant : USA, Chine, Japon, Australie, France. Ce classement repose sur le nombre de médailles d’or, et si l’on prenait en compte l’ensemble des médailles, il serait un peu différent: USA (126), Chine (91), France (64), Australie (53) et Japon (45). Mais ce qui me frappe le plus c’est qu’il n’y a pas de corrélation entre ces résultats et la population des pays concernés : les USA comptent 333 millions d’habitants, la Chine 1,412 milliard, le Japon 125 millions, l’Australie 26 millions et la France 67 millions. Le pays le plus peuplé, la Chine, est derrière les USA, et le moins peuplé, l’Australie, et dans le top 5. C’est donc sans doute la politique sportive de ces pays qu’il faudrait examiner, et la différence entre le sport d’élite et le sport de masse. Par exemple si la France a connu une réelle réussite, et si cette réussite suscite des ambitions chez les jeunes, a-t-elle les infrastructures et les formateurs suffisants pour répondre à ces ambitions ? Le sport, d’élite comme de masse, est à l’évidence à la fois une question politique et une question budgétaire…

Un autre regard concerne  les « partenaires » ou les « sponsors » des JO, c’est-à-dire les marques qui ont mis de l’argent dans cet événement. Elles ont été outrageusement visibles, surtout LVMH, et près d’une semaine après la fin des JO certaines (Allianz, LVMH, Décathlon…) continuent de faire une pub rétroactive sur toutes les chaînes de télévision en rappelant leur soutien financier. Nous savions déjà que le sport était de plus en plus une affaire de fric, ceux qui en doutaient ne le peuvent plus.

Mais ce « bilan » partiel et peut-être partial ne change rien à la question qui se posait il y a trois semaines : quel gouvernement pour la France ? Macron doit peut-être écouter en boucle la chanson que Gilbert Bécaud avait composé sur le rythme du Boléro de Ravel : Et maintenant, que vais-je faire….

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  fleche6 Août 2024: Jean-Luc Pidoux-Payot

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L’éditeur Jean-Luc Pidoux-Payot  vient de mourir à l’âge de 90 ans. Prenant tout jeune, en 1960,  la suite de son oncle Gustave Payot il avait fait de cette maison d’origine suisse, qui avait publié le Cours le linguistique générale  de Ferdinand de Saussure, une sorte de temple des sciences humaines, publiant Freud, Einstein, Adorno, Dumézil, confiant la direction de collections prestigieuses à Roger Dadoun, Marc Ferro, Miguel Abensour, Laure Adler… Je l’avais connu en 1964, et j’avais d’abord traduit pour lui quelques livres de l’anglais, de l’italien ou de l’espagnol. Puis il publia mes premiers livres (une dizaine), me fit rejoindre le comité de lecture et me confia la direction d’une collection consacrée à la linguistique et la sémiologie (Langage et Société). Avec lui, j’apprenais sans cesse : comment expliquer aux candidats auteurs qu’une thèse n’était jamais un bon livre,  comment en discutant avec eux leur faire découvrir quel livre il pouvait écrire, mais aussi  qu’on discutait avec eux de façon plus efficace autour d’une table de restaurant que dans un bureau… C’est grâce à lui que j’ai  pu lancer de jeunes auteur comme Marina Yaguello, Christian Cuxac, Nancy Huston, Sylvain Auroux, Jean-Didier Urbain, mais aussi publier des auteurs reconnus qui me faisaient confiance, comme Pierre Guiraud, André Martinet, Maurice Swadesh, Ivan Fonagy…

Au début des années 1980, devenu président du syndicat des éditeurs, c’est lui qui, avec Jack Lang, alors ministre de la culture, initia la loi sur le prix unique du livre. Editeur reconnu, il fuyait la lumière, les médias, tout en discrétion, en humilité. Lorsqu’en 1986, le groupe suisse  Edipresse (la famille Lamunière) racheta Payot et le licencia, par fidélité et aussi par sens moral je le suivi chez Plon, où il eut la joie de retrouver un auteur dont il avait été l’ élève des années auparavant, Claude  Levi-Strauss. Un peu plus tard j’avais joué les entremetteurs pour qu’il revienne aux éditions Payot, où je l’avais suivi à nouveau.

Puis ce fut la retraite. Je le voyais lorsque je venais à Paris, dormais chez lui parfois. Nous allions ensemble aux meetings de Ségolène Royal, de François Hollande, mangions parfois avec d’anciens  auteurs. Ces derniers années il était entré dans une nuit cognitive, qui s’est achevé il y a deux jours.

Salut Jean-Luc.

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  fleche4 Août 2024:  Délinquants et procureurs

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Depuis le retrait de Joe Biden, la campagne présidentielle américaine a changé de genre. Donald Trump, avec ses 78 ans, est désormais le vieux face aux 59 ans de Kamala Harris. Et surtout,  il traîne derrière lui pas mal d’accusations et de procès, et se trouve désormais face à l’ ancienne procureure générale de Californie. Si quelqu’un avait l’idée de faire un jour  un film sur cette campagne, il pourrait l’intituler Le délinquant et la procureure.

Un autre qui pourrait se trouver devant un procureur et fait tout et le pire pour l’éviter, c’est Benjamin Netanyahou.  Son dernier « coup »,  dont on parle peu, concerne l’archéologie. Je sais, nous sommes loin des massacres dans la bande de Gaza, mais… Un texte signé par des dizaines d’archéologues et publié jeudi dans Libération lève le voile sur une manipulation de la science. En bref, le parlement israélien vient d’adopter un projet classant la totalité des sites archéologiques de Cisjordanie sous la responsabilité de l’Etat israélien, prétendant que ces sites seraient  « le berceau de la nation hébraïque ». Ces sites, plus de 7.000, se trouvent tous en territoire palestinien dans lequel les colons s’installent illégalement depuis des années. Mais surtout, le but de l’opération est double :  d’une part contrôler la recherche, instrumentaliser l’archéologie à des fins politiques et d’autre part continuer à annexer des morceaux de Cisjordanie.

Une « petite » précision : parmi ceux qui ont protesté contre ce projet législatif se trouvent la Society for Palestinian Archeology et l’Israeli Archeology Association.

 

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juillet 2024

 

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fleche29  juillet 2024: Notes olympiques

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En ces temps de chaleur et de Jeux olympiques on peut, sur la portée de l’observateur, poser quelques notes. Les premières concernent la cérémonie d’ouverture, ébouriffante, désarçonnante,  bref on a tout dit et plus encore sur ce spectacle. En revanche, il est intéressant de noter les réactions de la droite et de l’extrême droite, globalement négatives. Pour Michel Onfray il s’agissait d’un « Disneyland wokiste kitsch » et pour Philippe de Villiers « Nous avons acté devant le monde entier le suicide de la France », et il en rajoute, « Tout était laid, tout était woke ». Bigre ! Du côté du Rassemblement national, les critères ont fusé. « Une honte, un saccage pour la culture française », « Une humiliation du peuple français ». Arrêtons ces notes, la mélodie est cacophonique. Mais lorsqu’on a aimé ce que ces gens-là n’aiment pas, on est sûr de ne pas se tromper.

Toujours aux JO, un judoka algérien, Messaoud Redouane Driss, a été retiré du tableau des moins de 73 kilos, accusant sur la balance 400 grammes de trop. En fait il devait affronter un judoka israélien, qui du coup a été qualifié pour le tour suivant. On peut analyser l’incident de plusieurs façons. Ecartons l’idée qu’il avait trop mangé la veille. L’explication la plus sûre est que tous les sportifs algériens (et ceux d’autres pays) ont pour consigne de ne pas rencontrer de sportifs israéliens, de ne pas avoir à les saluer ou à leur serrer la main. Mais, n’en n’ayant aucune preuve, nous pouvons aussi avancer malicieusement que Driss voulait éviter la honte suprême, être battu par un juif. Mais certains, bien sûr, pourront applaudir ce courage, cette détermination politique ou ce racisme….

Hors des JO maintenant, mais en même temps qu’eux, au Venezuela Nicolas Maduro a été réélu président de la République avec 51,2% des suffrages. Tous les sondages l’annonçaient largement battu. Bien sûr, les sondages peuvent se tromper, nous l’avons vu aux récentes élections législatives françaises. Mais là, à part quelques pays, Chine, Cuba, Nicaragua,  Russie, une grande partie de la communauté internationale a exprimé ses doutes sur la sincérité du scrutin.

Depuis 2015, sept millions de vénézuéliens ont quitté leur pays, où  30% de la population vit sous le seuil de pauvreté et où l’inflation a augmenté en 2023de 360% par rapport à l’année précédente. Une série de records olympiques !

Il n’y a pas très longtemps, en 2017, Jean-Luc Mélenchon proposait dans le chapitre 62 de son programme présidentiel de  "Rejoindre les coopérations régionales dans une démarche de codéveloppement écologique, social et de progrès humain : par exemple l'Alba (Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique) ", alliance créée par Hugo Chavez, alors président du Venezuela, et Fidel Castro. En 2017, l’Iran et la Syrie en étaient pays observateurs, et en 2019 la Russie avait été invitée au sommet de l’Alba…

Si Mélenchon, tout peut arriver, prenait sa retraite politique, irait-il la passer au Venezuela ?

 

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fleche20  juillet 2024: Dimoqrâtiya /dîmakrâtie

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 Je viens de passer une dizaine de jours en Tunisie où j’ai fait, comme d’habitude, provision de soleil, de souvenirs d’adolescence, de salade de poulpe, de mer et d’huile d’olive. Mais, la nostalgie n’étant plus ce qu’elle était, j’ai aussi les yeux ouverts sur le présent. Depuis 2011 et ce qu’on a appelé la « révolution de jasmin », le mot démocratie a parcouru un arc-en-ciel sémantique intéressant. Au début la  dimoqrâtiya c’était la nouveauté, la licence de dire ou de faire ce que l’on voulait, en bref la liberté. Les régimes politiques qui se sont succédés ont vite dévalué le mot qui est aujourd’hui la cause de tous les maux. « Et oui, c’est la dimoqrâtiya » dit-on d’un air résigné face à ce qui désole ou ne marche pas, c’est-à-dire presque tout. La dimoqrâtiya n’est plus un espoir ou une liberté mais un échec, ou du moins l’explication populiste de tout ce qui va mal.

L’humoriste algérien Fellag prononçait dans un de ses sketches ce mot grec acclimaté en arabe, dimoqrâtiya, d’une façon qui en changeait le sens, dîmakrâtie : en gros « toujours de chaises ». Comprenez : le règne de ceux qui veulent conserver leur siège. Ce qui n’est pas mal vu et pourrait s’appliquer à d’autres pays que ceux du Maghreb.

Ce type d’étymologie populaire me fait toujours penser à celle, fausse bien sûr mais réjouissante, de parlement :  on y parle et on y ment.

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fleche1er  juillet 2024: La honte et la haine

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 Cela peut paraître un peu convenu, mais je l’écris, ou le crie quand même : après ce premier tour des élections législatives, j’ai honte de la France. Honte des gens que je croise au gré de mes déplacements, dans la rue, au bistrot, sur le marché, dont statistiquement 1 sur 3 a voté pour le Rassemblement National. Bien sûr nous y verrons plus clair demain soir, après la clôture des candidatures pour le second tour, nous saurons si les consignes de désistement sont suivies d’effet. Et, sur ce point, il nous faut encore parler de Mélenchon. Il a été le premier à appeler au désistement pour faire barrage au Rassemblement Nationale, étant pour une fois très clair. Mais personne à ma connaissance ne s’est interrogé sur son statut. Entouré par deux ou trois de ses sbires, dont une femme portant un keffieh palestinien,  il parlait en « nous ». Qui ça, « nous » ? La gauche unie ? Les insoumis ? Par qui était-il mandaté ? Son intervention était bienvenue, mais comme d’habitude lui-même était ambigu. N’ayant participé à aucune des réunions du « Nouveau front populaire », étant révoqué par beaucoup de des créateurs, il ne voulait pas être absent, il voulait encore être au centre.

 

De toute façon je ne crois pas (je peux bien sûr me tromper, mais je ne crois pas) que le RN aura une majorité absolue. Ce qui ne change d’ailleurs rien: j’ai honte. Certains commentateurs parlent de vote de colère et non pas d’adhésion. Cela ne changerait pas grand-chose, mais je n’y crois pas non plus. Il s’agit bien d’un vote d’adhésion, non pas au programme du RN, dont tout le monde sait qu’il n’est pas applicable, mais d’adhésion à tous les non-dits du RN, à ce que ses dirigeants tentent depuis des années de gommer, de masquer. Ses origines pétainistes, ses liens avec l’OAS, son racisme tripal, sa haine de l’autre, de l’étranger, de l émigré, de l’homosexuel, de qui sais-je encore : sa haine. Les sondeurs ont longtemps considéré que dans leurs enquêtes d’opinion le vote pour le Front National était sous-estimé car caché, inavoué, et qu’il fallait corriger à la hausse les déclarations des sondés et donc les prévisions. Depuis des semaines, au contraire,  il se passe ce qu’on appelle en psychanalyse une décompensation, lorsqu’une structure psychique se déséquilibre et que des syndromes jusque-là enfouis apparaissent au grand jour. Lorsque par exemple une pulsion suicidaire latente débouche sur un suicide réel. Depuis des semaines donc, des journalistes d’origine maghrébine ou africaine reçoivent quotidiennement des dizaines de mails racistes, on entend des injures à tous les coins de rue, bougnoule, bicot, sale nègre, pédé, il y a des passages à tabac, des viols… Les gens ne cachent plus leurs sentiments profonds, leurs pensées dégueulasses, leurs haines… Le RN les a décomplexés et le résultat n’est pas beau à voir ou à entendre. La haine humilie celui qui la porte, l’enlaidit, le rend moche. Mais ce qui importe, c’est qu’ils n’en ont plus honte. Freud considérait la décompensation comme "une tentative des êtres à trouver des solutions - certes dysfonctionnelles - à des problèmes profondément humains". Si cela était, c’est de l’humanité elle-même qu’il faudrait avoir honte, c’est elle qu’il faudrait haïr. Ce qui n’est guère réconfortant…

 

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Juin 2024

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  fleche28 juin 2024: Avant de voter

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Tout d’abord un petit sourire. Jordan Bardella a annoncé un projet : les Français binationaux seraient exclus des postes « sensibles » dans la haute administration. En bref il les considèrent comme des traitres ou des espions potentiels. Or, lui a rappelé Gabriel Attal lors d’un débat,  il a au parlement européen une conseillère, Tamara Volokhova, qui le « représente à la commission des affaires étrangères sur les questions de sécurité et de défense (…) assiste des des réunions à huis clos avec des informations confidentielles sur la guerre en Ukraine ». Et alors ? Alors, madame Volokhova est binationale, elle a bien sûr un passeport français mais aussi un passeport russe. Cherchez l’erreur…

Et puis un petit poème de Bertolt Brecht que vous connaissez sûrement, mais les piqûres de rappel ne font jamais de mal :

« Quand ils sont venus chercher les communistes,
je n'ai rien dit.
je n'étais pas communiste
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
je n'ai rien dit.
je n'étais pas  syndicaliste
Quand ils sont venus chercher les juifs,
je n'ai rien dit.
je n'étais pas juif
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
je n'ai rien dit.
je n'étais pas catholique
Et, puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait plus personne pour protester ».

Allez, bon vote…

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  fleche21 juin 2024:  Pouvoir de nuisance

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L’union de la gauche, après la dissolution suicidaire de l’Assemblée nationale par Macron, a donné de l’espoir à beaucoup de gens, dont moi. Nous avions l’impression que Mélenchon était mis sur la touche, qu’il allait enfin fermer sa gueule. C’était compter sans son pouvoir de nuisance. Déjà, pendant la campagne européenne, il avait accumulé les dérapages, déclarant qu’il y avait en France un « antisémitisme résiduel » alors qu’il est le meilleur exemple du contraire : disant du député Jérôme Guedj qu’il s’agit[ait] autour du piquet où le retient la laisse de ses adhésions » ou agressant sans cesse Raphael Glucksmann. Une fois l’union annoncée, il a immédiatement trahi le principe affirmé que les députés sortant seraient reconduits en effectuant une véritable purge stalinienne: rejetant les députés LFI qui avaient eu l’audace de le critiquer et reconduisant en revanche un de ses proches, Adrien Quatrenens, condamné pour violence conjugale, qui devant les protestations a eu, lui, la décence de se retirer.

En fait, on a l’impression qu’on ne peut pas faire confiance à LFI, du moins à ceux de ses membres qui suivent aveuglement leur gourou, qu’ils voudront à tous prix conserver une hégémonie sur la gauche unie. Regardez les photos ou les films sur lesquels Mélenchon est entouré de ses plus proches : Mathilde Panot fait penser à une bonne-sœur en extase devant le dieu vivant et   Manuel Bompard a des airs de garde du corps prêt à flinguer tout ce qui bouge.  Et tout se passe comme si Mélenchon voulait absolument contrecarrer cette union et qu’il utilisait pour cela son pouvoir de nuisance.

J’ai entendu hier le journaliste Patrick Cohen dire que plus les insoumis bordélisent, plus le RN se normalise ». Et c’est peut-être ce que cherche Mélenchon. Plus il parle et plus il apporte des vois à l’extrême droite.

Bon, cela ne m’empêchera pas de voter, le 30 juin, pour le Nouveau Front Populaire, mais il faudra bien arriver un jour à se débarasser de ces boutefeux qui veulent tout sauf arriver au pouvoir par les urnes.

 

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  fleche14 juin 2024: Pour rire un peu

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Par les temps qui courent dans la vie politique française, on a parfois envie de rire un peu, histoire peut-être de ne pas pleurer. Alors voici quelques occasions de rire ou de sourire…

Un ami, rentrant d’un colloque en Allemagne, à Wuppertal, me dit qu’il y avait sur le lieu de travail deux portes de toilette. On pouvait lire sur la première  Ohne pissoir (« sans pissotière ») et sur la seconde  Mit pissoir (« avec pissotière »). On aurait bien sûr pu imaginer quelque chose comme pisse debout et pisse assise, mais cela aurait été plus vulgaire. Dans les deux cas, cependant, il s’agit bien sûr d’éviter « hommes » et « femmes » ou les pictogrammes ayant le même sens. Il faudrait en effet, selon certains, ne parler que de personnes. Wokisme, quand tu nous tiens…

Autre chose qui m’a fait sourire. Dans mon précédent billet, j’écrivais en riant à moitié que j’allais demander l’asile politique, au Brésil, et j’ajoutais : « Mais y voudra-t-on de moi ? ». Voici la réponse que j’ai reçue d’une amie brésilienne :  « Tu seras très bien accueilli ici en tant qu' oiseau gauchiste migrateur. Il faut profiter la brise démocratique sur le Brésil, mais je ne sais pas si elle va durer longtemps, tu sais, avec le réchauffement de l' imbécilité de la planète... »  Oiseau gauchiste migrateur, réchauffement de l’imbécillité de la planète… Elle a du style et de l’humour, ma copine.

Enfin, mais faut-il en rire ou en pleurer, une histoire de bouffon. Nous savions depuis longtemps qu’Eric Ciotti, président du parti Les Républicains, avait une idéologies très proche de celle du Rassemblement national. Il a franchi le pas en annonçant que LR allait signer un accord avec le RN. Un parti se réclamant de De Gaulle s’alliant avec un autre descendant des fascistes de l’OAS, cela avait de quoi surprendre. Mais, patatras, le bureau national de LR décide à l’unanimité de l’exclure. En fait, Ciotti se sentant menacé à Nice, craignant de ne pas être réélu s’il y a en face de lui un candidat du RN, a passé un accord à son seul  profit. Cela donne  une triste idée de la politique. Mais ce qui est drôle est à venir. Ciotti, voulant montrer qu’il était toujours aux commandes de son parti, a publié une vidéo dans laquelle on le voit, l’air très digne, s’installer dans son fauteuil, sortir son téléphone et le poser sur son bureau… Mais il ne s’y trouve rien d’autre, ni dossiers, ni ordinateur : on lui a tout enlevé. Du coup, Ciotti se ridiculise tout seul. On pense à un sale gosse colérique qui ne veut pas partager ses jouets, à un gamin qui veut voler le gâteau de sa petite sœur…  Je suis dans mon bureau, c’est à moi, j’y reste ! Bref, je ne sais pas comment cela va se terminer, mais nous sommes en pleine bouffonnerie.

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  fleche10 juin 2024: A quelle roulette joue le président?

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Dégoût, honte, rage ? Je ne sais quels mots utiliser pour exprimer mes sentiments face à ce pays, le mien, qui est en train de virer à l’extrême droite. Si cela s’avérait, je pourrais choisir l’exil politique. Vers la Tunisie, mon pays natal ? Le régime actuel n’est guère attirant. Plutôt vers le Brésil. Mais y voudra-t-on de moi ?

Bon, restons sérieux. La dissolution de l’Assemblée Nationale que vient de décréter Emmanuel Macron a étonné, à juste titre, bien des gens. A quoi peut-il bien penser ? Croit-il qu’en allant aux urnes comme en 2022 il obtiendra la victoire ? Pari plus que risqué, qui s’apparenterait à sauter du haut de la tour Eiffel pour voir si l’on sait voler. Croit-il que se produira un réflexe républicain, que les différents partis se désisteront les uns pour les autres au second tour afin de faire barrage à l’extrême droite ? Coup de poker un peu osé. Ou encore, de façon plus perverse, pense-t-il qu’en cas de cohabitation l’extrême droite au gouvernement ferait très vite la preuve de son incompétence, et qu’il pourrait, un an après (c’est le délai légal) dissoudre à nouveau l’Assemblée ? Bien sûr, je n’en sais rien. Mais tout cela ressemble à la roulette russe. Vous connaissez ? On prend un révolver avec un barillet contenant six trous dans lesquels on peut mettre six balles. On n’en met qu’une, on fait tourner le barillet et, le canon contre sa tempe, on appuie sur la gâchette. En fait cette roulette russe est truquée car en faisant tourner le barillet la balle unique, par son poids, va s’arrêter en bas et non pas en face du canon. Donc, aucune chance de se tuer. Une plaisanterie raciste parle de roulette  belge, avec six balles dans le barillet et donc aucune chance de survivre. A quelle roulette Macron joue-t-il ? Je n’en sais rien non plus.

Une autre question est de savoir ce que va faire la gauche. Se réunir, socialistes, insoumis et écologistes ? Les insoumis ne rêvent que de ça. Mais je crois que cela ne serait possible que s’ils se débarrassaient de Mélenchon. Certains y pensent, mais ils  sont rares, le réflexe grégaire est sans doute le plus probable, et Mélenchon ne cherche que le désordre, un désordre d’où, selon lui, jaillirait  la révolte puis la révolution. D’autres parlent d’un front populaire dans lequel les insoumis seraient les bienvenus. A condition, bien sûr, que ce soit sur un autre programme que le leur, à discuter.

Là aussi, je ne sais pas aujourd’hui ce qui pourrait advenir. J’ai tendance à penser qu’un problème dont on ne trouve pas la solution est un problème mal posé. Alors, si vous voyez une autre façon de le poser…

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  fleche6 juin 2024: Jeu de massacre

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Pour les élections européennes de dimanche nous aurons  en France le choix entre 38 listes. Oui, vous avez bien lu, 38. Vous pouvez analyser cette foultitude comme il vous plaira : démocratie vivante, diversité salutaire, fourre-tout, bal des égos, etc. Ou vous dire que nous avons bien de la chance : les Chinois ou les Russes n’ont pas droit à cette liberté d’opinions.

 

Il n’empêche que cette « liberté d’opinions » donne lieu à un curieux mélange. Dans les affiches ou les slogans des différentes listes, trois mots dominent. Sans surprise, Europe apparaît dans la publicité de neuf des listes, suivie par France ou française (cinq fois) et écologie (quatre fois). Mais ces mots ne semblent pas toujours vouloir dire la même chose. Ainsi pour Europe : on va de Réveiller l’Europe (Glucksmann) ou Besoin d’Europe (parti macroniste) à L’Europe ça suffit (Florian Philippot). Quant à la France (ou l’adjectif   française), de façon surprenante, on les trouve une fois à l’extrême gauche (La France Insoumise), quatre fois à l’extrême droite (Marion Maréchal, Jordan Bardella, Lalanne-Dieudonné, Patrice Grudé), et  une fois à droite (Bellamy) . Et  Ecologie est interprété, comme toujours, de différentes façons. S’y ajoutent des listes aux intitulés un peu étonnants, en tout cas dont on voit mal le lien avec le projet européen : Free Palestine (liste de l’union des démocrates musulmans français), Parti animaliste (avec sur l’affiche un chat très mignon mais dont on ne distingue pas les opinions politiques) et Parti pirate (dont le but, selon leur site, est de construire une base démocratique solide pour l'Union. On peut difficilement être contre). Ajoutons-y le site Espéranto langue commune, dont le projet est clair, et des sites outrageusement égotistes, comme la liste Asselineau-frexit, du nom de sa tête de liste, François Asselineau, inspecteur des finances aux discours assez prétentieux qui a obtenu à la présidentielle de 2017 0,92% des vois et n’a pas pu se présenter en 2022, faute de parrainages suffisants, ou la liste Marion la France fière…

On est aussi frappé, sur certaines affiches, par les candidats en rang d’oignons, ou presque. Jean Lassalle, au premier plan, devant neuf autres personnes, Asselineau devant douze personnes, Valérie Hayer devant six personnes et surtout La France insoumise, où l’on voit à gauche la tête de liste, Manon Aubry, et à droite huit personnes en arrière-plan devant lesquelles trône Jean-Luc Mélenchon (avant-dernier sur la liste).

Seule la liste Lutte ouvrière aligne ses 81 candidats sur une photo où l’on distingue à peine les visages.

Tout cela me fait penser au jeu de massacre auquel nous jouions dans les foires, quand j’étais gosse. En face de nous des figurines variées (Asselineau, Lassalle ou Mélenchon n’existaient pas encore) qu’il fallait descendre en lançant des boules généralement faites de chiffons.

Mais, pour revenir au début et à nos 38 listes, il est pratiquement certain que seules cinq ou six d’entre elles auront des députés élus (il faut pour cela avoir au moins 5% des suffrages), et comme, pour être remboursé des frais de campagne, il faut avoir au moins 3% des suffrages, une bonne trentaine de listes ne sera pas remboursée.

Tout ça pour ça ?

Eh oui, tout ça pour ça.

 

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Mai 2024

 

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  fleche23 mai 2024: 
La CPI met les pieds des lois internationales dans le plat des massacres

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Il y a depuis quelques mois en France deux mouvements d’opinion entre lesquels tout débat semble impossible. D’un côté ceux qui défendent de façon inconditionnelle Israël, de l’autre ceux qui considèrent que le Hamas mène un juste combat de libération de la Palestine. Et les uns comme les autres sont sourds à tout argument tendant à tempérer ou à relativiser leurs positions.

Ne serait-il pas possible de passer de la passion à la raison ? D’analyser la situation de façon plus fine ? Il y a en effet d’une part une entité terroriste, le Hamas, dont la direction politique vit tranquillement au Qatar, et qui est loin de représenter l’ensemble du peuple palestinien. De l’autre une entité politique, le gouvernement israélien, dont la survie repose sur quelques députés ultraorthodoxes, contesté par une bonne partie du peuple israélien. Le premier ministre israélien, Netanyahu, qui laisse depuis longtemps le Qatar financer le Hamas, a tout intérêt à prolonger la guerre dont la fin signifierait sans doute pour lui un passage devant la justice. Et le Hamas n’existe que par la guerre. Dans les deux cas, aucune proposition politique si ce n’est le jusqu’auboutisme : la disparition d’Israël pour les uns, la colonisation définitive de la Cisjordanie pour les autres. Et, pour revenir aux deux mouvements d’opinions français, les uns traitent ceux d’en face comme des antisémites qui eux-mêmes les traitent de sionistes. Les uns veulent ignorer ou nier les viols les tueries du 7 octobre 2023, les autres les dizaines de milliers de morts civils à Gaza. Chacun condamne l’autre. Et, sur le terrain, deux entités qui jouent leur survie politique sans se préoccuper de  de l’avenir géopolitique des peuples qu’ils prétendent représenter.

La Cour pénale internationale vient de mettre les pieds des lois internationales dans le plat des massacres. Le procureur général de la CPI a en effet requis cinq mandats d’arrêt, d’une part contre deux Israëliens, Netanyahu et son ministre de la défense Yoav Gallant, d’autre part contre trois cadres du Hamas, Yahya Sinwar, Mohamed Deïf et Ismaël Haniyed.

Cette décision doit bien sûr est avalisée  par les juges de la CPI. Mais d’ores et déjà, les réactions pleuvent. Les uns dénoncent l'établissement d'une symétrie pour eux inacceptable entre le Hamas et Israël, les autres traitent le procureur, Karim Khan, d’antisémite. Tout cela relève d’une évidente mauvaise foi. Tout d’abord la requête ne vise pas des pays mais des individus, trois Palestiniens et deux Palestiniens et si elle n’avait concerné que les uns ou les autres on aurait parlé d’inégalité de traitement, de « deux poids deux mesures ». En outre Karim Khan propose d’inculper ces individus pour des raison différentes, meurtres, prise d’otages, viols et torture pour les trois membres du Hamas, crimes de guerre et utilisation de la famine comme arme de guerre pour les deux membres du gouvernement israélien. C’est d’ailleurs le même Karim Khan qui a obtenu il y a quelques mois un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine et personne n’a dit à l’époque qu’il était raciste ou russophobe. En bref, le procureur de la CPI fait du droit et non pas de la politique.

On a beaucoup dit ces dernières semaines que, quoiqu’il arrive, Israël avait déjà perdu la guerre, en particulier sur le plan moral. Il serait plus juste de dire que c’est Netanyahou qui bafoue la morale et qui, par contre coup, déconsidère son pays. Et la CPI, rappelant que personne n’est au-dessus des lois, en l’occurrence du droit international, souligne ce que beaucoup veulent oublier : d’une part qu’Israël devrait être aux yeux du droit international traité de la même façon que n’importe quel autre pays, d’autre part pour le Hamas qu’il faut distinguer entre une lutte de libération et le terrorisme.

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  fleche18 mai 2024: Usseewa ("Ta gueule!")

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Quiconque est allé au Japon aura remarqué des formes de respect ou de politesse qui passent par le comportement corporel ou gestuel. Ainsi, lorsqu’on arrive dans un grand magasin à l’heure de l’ouverture, il est fréquent de voir tout le personnel rangé en deux files et inclinant le torse devant les premiers clients. Mais on verra aussi bien un ministre faire de même avant de prendre la parole dans une conférence de presse, ou un accusé s’inclinant devant le tribunal. On peut percevoir  ces formes de respect sans connaître un seul mot de japonais. Pourtant la façon de parler est également liée non seulement au respect mais aussi aux rapports sociaux, aux rapports de force voire au sexisme.

Il existe en effet au Japon de qu’on appelle keigo (敬 語), la langue du respect, qui se divise en plus plusieurs catégories, langage poli, langage du respect ou langage de la modestie, marquées par un vocabulaire ou des verbes spécifiques, un système grammatical très formalisé. La langue porte ainsi différentes façons de se situer par rapport à l’autre. Et les choses sont encore plus nettes pour ce qui concerne l’inégalité des sexes. Il existe en effet une variante féminine de la langue (onna kotoba 女 言葉, « mots des femmes »), passant par le vocabulaire et la syntaxe.

Dans le grand quotidien japonais Asahi Shimbun, le linguiste Satoshi Kinsui explique que ce langage des femmes prend racine à la fin du 19ème siècle à la fois dans la famille impériale et dans les écoles de filles qui se sont multipliées à la fun de Meiji. Il souligne par exemple que les femmes terminent souvent leur phrases en ajoutant « s’il vous plaît » ou « n’est-ce pas », minimisant ce qu’elles disent ou en prenant soin de ne pas contredire ce que dit l’autre. Elles n’utilisent pas les ordres, le refus, encore moins les insultes, qui appartiennent au langage « viril ».

Mais ce qu’il y a d’intéressant, c’est qu’il décrit également la façon dont les femmes commencent à changer. Ainsi une jeune chanteuse, Ado, a connu un grand succès avec une chanson dont le titre est Usseewa (« ta »gueule !»), utilisant des formes comme Kusodari (« vas te faire foutre ») ou Kichifusageya (« ferme bien ta gueule ! ») pour protester contre la société masculine. Et il termine en suggérant que les hommes devraient, dans leur parler, exprimer leur part de féminité et que les femmes devraient s’entraîner à résister à ceux qui les agressent en lançant Yamero (« Arrête ! ») ou Usseewa.

Si salutaires que puissent être ces résistances linguistiques, il demeure, si nous oublions un instant le sexisme,  que les marques de respect, hypocrites ou non, sont au centre de la communication japonaise.

Nous sommes loin des « casse-toi pauv’con » d’un Sarkozy, « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre » d’un Chirac ou « un pognon de dingue » d’un Macron.

 

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  fleche9 mai 2024: Un esprit sain?

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L’esprit ne vole pas très haut chez les amateurs de football. Mardi le PSG a été éliminé par Dortmund dans la ligue des champions et le lendemain c’était la joie chez les supporters de l’Olympique de Marseille : lorsque l’ennemi parisien est battu, les Marseillais se réjouissent. Or Marseille rencontre ce soir en demi-finale de la coupe Europa  les Italiens du club Atalanta, et j’ai entendu dans mon bistrot habituel un client lancer : « Si Marseille gagne jeudi, l’émir du Qatar mangera du cochon ». Intéressant jeu de mots dans lequel l’esprit sportif s’efface devant le racisme. Ce n’est plus un esprit sain dans un corps sain mais un esprit sain dans un porcin

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 fleche5 mai 2024
: Mimétisme et récupération

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Depuis une vingtaine d’années, on est en droit de se demander si des chercheurs des enseignants ou des étudiants français pensent par eux-mêmes ou se jettent régulièrement sur la dernière nouveauté venue des USA. Un bon exemple en est la vogue du wokisme qui, partant de combats légitimes, a fait passer la passion avant la raison, brouillant les cartes en mettant l’idéologie avant la démarche scientifique.

Tout récemment, des étudiants de l’école des sciences politiques de Paris, puis d’autres villes en province, ont bloqué leur locaux avec des slogans ou des revendications directement empruntés aux étudiants américains, ce qui amène plusieurs remarques. La première concerne l’efficacité de ces revendications. Le gouvernement américain est en effet le grand fournisseur d’armes d’Israël, et il pourrait mettre fin aux massacres de Gaza en bloquant ses livraisons. De ce point de vue, les étudiants américains disposent d’une cible évidente et légitime, ce qui n’est pas le cas des Français, dont le gouvernement ne peut que dénoncer la politique de l‘état israélien. La seconde remarque concerne les deux côtés de l’Atlantique. L’armée israélienne massacre des civils à Gaza, et c’est scandaleux, le Hamas a tué des civils le 7 octobre en Israël est c’est également scandaleux: ne voir et ne dénoncer que le premier de ces massacres relève d’une vision ou d’un analyse hémiplégiques, qui frôlent la mauvaise foi. Entre outre, réclamer comme le font certains étudiants français que les relations avec les universités israéliennes soient abolies est particulièrement stupide: de nombreux Palestiniens y étudient, qu'ils soient de Cisjordanie ou d'Istaël.

Mais ce qui frappe le plus est, en France, l’instrumentalisation des manifestations étudiantes. Le maître d’œuvres de ce cette récupération est, encore une fois, Jean-Luc Mélenchon. Comparer, comme il l’a fait, le président de l’Université de Lille au criminel de guerre nazi Adolf Eichmann, pourrait relever des tribunaux. Et faire de Gaza un enjeu électoral européen est incompréhensible. Ajoutons à cela le sort réservé à Raphaël Glucksmann, empêché de défiler le 1er mai à Saint-Etienne par des  militants de la jeunesse communiste et de la France insoumise, qui relève du totalitarisme. Ce dogmatisme, ce refus de tout débat, augure mal de l’avenir de la gauche. Ce n’est pas en invisibilisant les arguments des autres qu’on fait avancer la réflexion.

On pourrait y voir une réaction au fait que les sondages donnent un large avantage à la liste de Glucksmann aux élections européennes, et qu’il convient de tirer sur lui en priorité.  Mais il y a peut-être une autre explication à ces comportements. J’ai tendance à penser que Mélenchon n’a jamais voulu être élu président de la République, ou qu’il n’a jamais pensé pouvoir l’être. D’ailleurs, s’il était parvenu en 2017 au second tour face à Le Pen, il est probable que cette dernière aurait été élue. En revanche, plutôt que ce chemin démocratique qu’est la voie électorale, il imagine que seuls des mouvements sociaux pourraient mener à une situation révolutionnaire et à la sixième république dont il rêve. Et cette analyse n’est pas sans rapport avec ses origines trotskystes. Or ces éventuels mouvements sociaux ne peuvent pas venir de la classe ouvrière ou de ce qu’il en reste : elle vote de plus en plus à l’extrême droite et le parti communiste est au plus bas. Il se tourne donc vers ce qu’il croit être la seule force « révolutionnaire », la jeunesse de certaines banlieues, largement abstentionniste. Pour des raisons sociologiques évidentes, cette jeunesse défavorisée est en grande partie issue de l‘immigration maghrébine ou africaine, elle-même plutôt musulmane. Cela explique le comportement ambigu de Mélenchon, son oubli volontaire des principes de la laïcité, sa répugnance à condamner l’islamisme, l’amalgame qu’il fait entre le Hamas et le peuple palestinien, tout cela étant à l’origine de l’accusation d’islamo-gauchisme dont il est l’objet et qu’il n’a pas volée. Mais se rend-t-il compte qu’il  favorise ainsi  le communautarisme, qu’il assigne  ceux dont il veut faire ses électeurs à des catégories qu’il invente du même coup ?  Et tout cela ne fait guère avancer la cause qu’il prétend défendre.

Ceci dit, le mimétisme d’une partie des chercheurs des enseignants ou des étudiants français par lequel j’ai débuté, cette imitation avide  de pseudos concepts venus des USA, trouve son contraire dans un autre domaine. On parle beaucoup dans les media des ennuis judicaires de l’ex-président américains D. Trump. Mais on oublie que, sur ce point, notre ex-président N. Sarkozy l’a précédé. Quand même ! La France aussi peut être un modèle !

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Avril 2024

 

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  fleche25
Avril 2024: De l'archipel de la bonne conscience au dépotoir de l'inconscience

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Il y a bien longtemps, en 1981, j’ai passé une semaine aux îles Galapagos, sur un bateau qui nous menait d’île en île. Les oiseaux, les phoques, les iguanes, qui n’avaient jamais été chassés, nous regardaient à peine quand nous passions à côté d’eux. L’archipel était en effet très protégé, le nombre de touristes quotidiens soigneusement contingenté, les déplacements limités à quelques chemins, interdiction de camper, de faire du feu, de ramasser la moindre pierre, la moindre plume, afin de ne pas rompre l’équilibre de la nature. Nulle part ailleurs, à ma connaissance, l’homme n’avait été aussi conscient de ses responsabilités face au monde, à la nature, à la pollution.

Aujourd’hui les plages sont inondées de déchets en plastique, sacs, bouteilles, filets de pêche, bidons, voire brosses à dents, des détritus que l’on ramasse tous les matins avant de recommencer le lendemain. On en trouve jusque dans les estomacs  des animaux, tortues, phoques, pélicans. Et les étiquettes, sur les bouteilles, indiquent leur provenance : sur le podium le groupe chinois Tingyi, fabriquant de nouilles et de boissons, AJE Group, multinationale de boissons et Coca Cola. Tous ces déchets sont jetés à la mer par les énormes bateaux de pêche qui croissent à la frontière des eaux territoriales.

En 1981 je pensais aux indiens quichuas avec lesquels je venais de travailler, sur le continent, mille kilomètres à l’est, théoriquement citoyens à part entière de l’quateur, dépendant du même gouvernement que ces animaux, et ne jouissant pas de la même protection. Les Galapagos m’étaient apparues comme l’archipel de la bonne conscience. Partout à travers le monde des cultures et des langues disparaissaient devant le rouleau compresseur de la loi du plus fort ou du plus efficace et ces îles perdues constituaient un ghetto de nature inviolée : vous voyez bien, nous songeons à l’avenir, nous protégeons ce qui doit être protégé.

L’archipel de la bonne conscience est aujourd’hui devenu le dépotoir de l’inconscience, la victime de la pollution sauvage mondialisée. C’est ce que certains appellent le progrès…

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 fleche18
Avril 2024: Préparer la défaite ou mobiliser les troupes?

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Sabrina  Agresti-Roubache, ministre déléguée à la citoyenneté a eu à propos des futures élections européenne cette phrase remarquable de perspicacité: « les seules élections qu’on perd, ce sont celles qu’on ne mène pas ».

Cela m’a rappelé un slogan lancé en 1991 par la FDJ (la Française des jeux), « 100% des gagnants ont tenté leur chance », ou cet autre, en 2020, « on n’est jamais sûr de ne pas gagner ». Dans ces deux cas, deux secondes de réflexions permettent de voir que 100% de perdants ont aussi tenté leur chance, ou qu’on n’est jamais sûr de ne pas perdre. Peut-être faut-il réfléchir un peu plus pour se rendre compte que, statistiquement, on a beaucoup plus de chance de perdre que de gagner. Et il faut consulter les données de la FDJ pour savoir que, tous jeux confondus, seulement 60% des sommes misées (j’arrondis les chiffres) sont redistribués aux joueurs, le reste allant aux impôts et à la FDJ qui, eux, sont donc toujours sûrs de gagner, mais sans jouer. C’est-à-dire que si l’ensemble des individus qui jouent au loto, au tiercé ou à tout autre chose, se considéraient comme un seul joueur, un joueur collectif, il se fait régulièrement plumer. Ce joueur collectif paie des impôts même s’il ne gagne pas, un impôt sur le rêve de gagner.

Revenons à la formule dont nous sommes partis, « les seules élections qu’on perd, ce sont celles qu’on ne mène pas ». Contrairement aux formules de la FDJ, on ne peut pas la transformer : « les seules élections qu’on gagne, ce sont celles qu’on ne mène pas » ne fait aucun sens. Mais comme il est peu probable qu’une ministre déléguée dise quelque chose sans l’aval de Matignon ou de l’Elysée, il faut bien nous interroger sur le sens de cette formule. Il ne s’agit pas d’une tautologie, d’une évidence, d’un truisme ou d’une lapalissade et nous pouvons y voir deux choses différentes. Soit un coup de couteau dans le dos de ceux qui n’auraient pas assez bien mené la campagne de la liste de la mino-majorité présidentielle, soit un appel au peuple pour qu’il mène la campagne des élections européennes.

Donc préparer la défaite ou mobiliser les troupes pour l’éviter. Les deux n'étant d'ailleurs pas contradictoires. Ce qui nous donne une idée de l’état d’esprit actuel du pouvoir : la trouille.

 

 

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 fleche16
Avril 2024: Le bal des faux-culs

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S’il existait un palmarès des pays faux-culs (je veux parler du discours des gouvernements et non pas des peuples) ils seraient nombreux à se disputer une place sur le podium. La Chine, la Russie, les USA, Israël, l’Iran mais aussi la France et quelques autres.

Prenons un exemple récent. Biden, le président américain, déclare à qui veut l’entendre (et surtout à une partie de son électorat) « l’Amérique continuera à défendre Israël » et laisse entendre (pour une autre partie de son électorat) qu’il demande continument à Netanyahou d’arrêter ses massacres à Gaza. Bel exemple d’injonction paradoxale ou contradictoire. En effet, si Biden voulait vraiment mettre fin au massacre des Gazaouis,  il disposerait d’un moyen évident : arrêter les livraisons quotidiennes d’armes américaines à Israël. Biden ajoute par ailleurs que « l’Amérique ne cautionnera pas une intervention sur l’Iran ». Mais comment Israël pourrait-il intervenir efficacement en Iran sans les armes américaines ?

Passons sur Israël, qui ignore depuis toujours les résolutions de l’ONU, colonise sans vergogne la Cisjordanie, se comportant comme ce que les Américains appellent des « états voyous », et prenons le cas de la France.

Stéphane Séjourné, ministre français des Affaires étrangères, expliquait avant-hier à la télévision : « nous n’intervenons pas pour défendre Israël mais pour participer au maintien de la sécurité dans la région ». Puis il ajoute : « N’inversons pas les responsabilités. C’est l’Iran qui a attaqué Israël ». On pense à ces gamins qui dans la cour de l’école, sermonnés par une surveillant voulant mettre fin à une bagarre, lancent : « C’est pas moi qui a commencé, m’sieur, c’est l’autre ». Or, trois jours avant, Israël avait bombardé le consulat israélien à Damas en tuant une quinzaine de personnes, c’est-à-dire qu’en droit international il avait attaqué un territoire iranien. Notre ministre a-t-il la mémoire courte ? En fait il a une très bonne mémoire, mais pour retenir les éléments de langage qu’on lui dicte. Il ne pense pas, il récite. Encore un faux-cul.

Bref, nous pourrions allonger cette liste à l’infini. Dans tous les cas, dès que l’on parle en géopolitique d’Israël, on aligne des fauxculteries (qu’on me pardonne ce néologisme). Prenons un exemple marginal mais significatif. En 1958, lors de la Coupe du Monde de football, Israël a gagné quatre matches d’affilée sans jouer : quatre pays (Turquie, Indonésie, Egypte et Soudan) avaient refusé de jouer contre lui. Plus tard l’Europe a décidé d’intégrer Israël  dans ses compétitions. Et, en 2022, le PSG a donc affronté  l’équipe du Maccaci Haïfa dans la ligue européenne des champions. Illogisme géographique ? Cataplasme sur une jambe de bois ? En fait, encore une fois, plutôt que d’affronter une question politique, celle du droit des Palestiniens à avoir une terre, plutôt que d’imposer la solution de deux états, on pousse la poussière sous le tapis.

Non seulement ils sont faux-culs mais encore ils sont sales.

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  fleche12
Avril 2024: Macron et les chrysanthèmes

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« Inaugurer les chrysanthèmes ». On prête cette expression au général de Gaulle qui, en 1965, avait déclaré dans une conférence de presse : « qui a jamais cru que le général de Gaulle étant appelé à la barre, devrait se contenter d’inaugurer les chrysanthèmes ? » Quoi qu’il en soit, elle est aujourd’hui utilisée pour désigner ceux dont le pouvoir n’est qu’honorifique et qui n’ont pas autre chose à faire que de se rendre dans diverses cérémonies, ce qui était le cas  des présidents de la République des années 1940 et 1950.

Coincé par son absence de majorité à l’Assemblée et l’échec de sa politique économique, Macron a certes encore un peu de pouvoir, mais il passe beaucoup de temps en commémorations, panthéonisations et décorations. Disons qu’il est inaugurateur de chrysanthèmes  à mi-temps…

Sa dernière trouvaille, si l’on en croit les rumeurs, serait de décorer une chrysanthème un peu fanée, Michel Sardou. Les mêmes rumeurs disent que le président va décorer « une légende de la chanson française ». N’en jetez plus ! Sardou est le plus réactionnaire des chanteurs français contemporains. Ecoutez, si vous ne craignez pas la nausée, Les villes de solitude, Les ricains, Je suis pour… Apologie du viol, de la peine de mort, de l’impérialisme US… Je me fout de lui comme de ma première vérole, mais on pourrait créer une nouvelle science, la décorologie, qui ferait un portrait en creux de celui qui décore à partir de ceux qu’il décore.

Bon, vous imaginez que je ne suis pas un déçu du macronisme. Pour être déçu, il faut y avoir cru.  Je n’ai jamais eu d’illusions sur ce fils de la bourgeoisie, banquier de peu de compétence si on en croit les résultats de sa politique actuelle, attrape tout et surtout amateur en politique, si la politique implique une connaissance du peuple, du pays, une certaine empathie pour les électeurs qu’il tente de convaincre.

Bref, j’ai autre chose à faire que de jeter les bases de cette décorologie, mais Sardou, quand même ! Macron devrait se trouver un conseiller en chrysanthèmes.

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  fleche6
Avril 2024: Rééditions

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    Publié il y a cinquante ans, en 1974, Linguistique et colonialisme a connu jusqu’ici trois rééditions et, pour chacune d’entre elles, j’avais rédigé une préface différente. L’ouvrage étant épuisé depuis son édition en format de poche de 2002, nous avons décidé de le republier à l’occasion de la tenue d’un colloque sur le thème « Linguistique et colonialisme », 50 ans après, Nouvelles pratique , nouvelles résistances, (Tunis-Hammamet, octobre 2024). Cette cinquième édition comporte donc en annexe trois préfaces (successivement de 1979, 1988 et 2002) auxquelles s’ajoute un entretien réalisé par Cécile Van den Avenne en 2012 et publié dans la revue Glottopol. L’ensemble peut être considéré comme un document d’historiographie linguistique destiné à alimenter la réflexion et la discussion.

    J’ajoute qu’en relisant ces textes, je me suis rendu compte que si l’ouvrage restait ne varietur, les points de vue développés témoignaient des différentes recherches que j’avais continué à mener. Si, en 1978, il était fait allusion à une dizaine d’ouvrages publiés par d’autres dans les quatre années précédentes, je citais en 1988 La guerre des langues publiée en 1987, et en 2002 plusieurs publications, les unes ayant précédé Linguistique et colonialisme, les autres (La sociolinguistique, Pour une écologie des langues du monde, etc.) plus récentes.

À vingt-trois ans de distance, et sans que j’en aie été conscient au moment où je les écrivais, deux des préfaces se terminent à peu près par la même phrase, « un énorme travail reste ici à faire : notre travail… » (1979) et « ce qui signifie qu’il reste encore beaucoup de choses à faire » (2002). Peut-être les discussions que les annexes de ce volume permettront d’ouvrir mèneront-elles à une avancée de ce travail qui reste à faire.

    Depuis sa première édition (1993), La sociolinguistique a connu au fil des rééditions de nombreuses mises à jour. Les unes n’étaient que des ajouts, en particulier bibliographiques. Les autres étaient plus importantes. Ainsi dans la cinquième édition (2005), six pages du premier chapitre (« Les positions marxistes sur la langue ») étaient supprimées, pour laisser place à deux pages sur la sociolinguistique urbaine  dans le chapitre 2 et à quatre pages (« de l’analogique au digital ») dans le chapitre 5. Ou encore, dans les huitième (2013) et neuvième (2017) éditions, la bibliographie était considérablement augmentée.

    Les raisons de ces modifications tenaient, pour les ajouts, à l’évolution de la recherche. Les suppressions pour leur part répondaient à deux  impératifs. D’une part au fait que le format de la collection Que sais-je ?  est immuable et qu’à un ajout doive correspondre une suppression approximativement du même format. Et d’autre part, dans ce cas particulier, au fait que la « linguistique marxiste » s’était révélée comme une impasse.

    Dans cette dixième édition, c’est un chapitre complet, le sixième qui est supprimé, remplacé par un chapitre final qui tient en même temps lieu de conclusion : « Un éclatement de la sociolinguistique ? ». On y trouve une présentation succincte des positions que j’ai présentées dans mon dernier livre, Pour en finir avec la sociolinguistique. 

 

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Mars 2024

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fleche25  Mars 2024: La police des mots

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Non, je ne vais pas vous parler de politiquement correct, de féminisation ou d’écriture inclusive mais le l’Afghanistan. On y parle une quarantaine de langues dont deux sont officielles, le dari (une variété de farsi, de persan) et le pachto. La première est parlée par environ 20 millions de gens, la seconde par une dizaine. Or les talibans, qui sont très majoritairement pachtouns, se sont lancés dans une chasse aux mots « étrangers », en particulier dans certaines universités et dans les publications scientifiques. Mais qu’est-ce qu’un mot « étranger » ?

Il existe en France, dans les différents ministères, des commissions de terminologie qui publient régulièrement des listes de néologismes présentés comme des équivalents de mots « étrangers » et devant les remplacer. Et ces mots étrangers sont tous des mots anglais, ce qui témoigne d’une réalité linguistique mais pourrait aussi  mériter une analyse psychanalytique. Or les talibans, pour leur part s’en prennent aux mots daris. Ils acceptent par exemple   des mots ourdou ou anglais mais pas ceux venant du farsi, c’est-à-dire la langue parlé en Iran. Dès lors on comprend que la « pureté » de la langue ne repose pas sur des critères linguistiques mais plutôt religieux.  Les talibans sont en effet sunnites et les iraniens chiites. Derrière la guerre des mots apparaît donc une guerre des obédiences religieuses, et la police des mots et en fait une police religieuse.

C’était une petite chronique de la connerie ordinaire.

 

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fleche11 Mars 2024: Imbéciités

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Dans un article de Libération, au demeurant très intéressant, consacré à la future élection présidentielle au Mexique (deux femmes en lice, l’une de droite et l’autre de gauche) que j’ai lu la semaine dernière, deux formules étranges sautaient aux yeux :

« Les collectives féministes »

« Une anti-monumente »

Et, dans les deux cas, la même note de bas de page : « Le terme est féminisé à dessein ». Le but était évidemment de féminiser les mots collectif et monument. Mais dans quel but ?

En 1978, Nicole-Lise Bernheim et Mireille Cardot  publiaient Mersonne ne m’aime,  « polar féministe » présenté comme une « romance policière » dans lequel le remplacement de la syllabe /per/ par /mer/ produisait des jeux de mots en série (mersonne, donc, Mère Lachaise, mère de claques, etc.) qui firent beaucoup rire.On peut bien sûr, au prix d’une constante gymnastique mentale, remplacer perspicace par merspicace, percevoir par mercevoir, percer par mercer ou persifleur par mersifleur, etc., mais il est douteux que cela ait fait avancer d’un iota  vers une communication sans stéréotype de genre. Bernard Pivot avait invité à son émission de télé Nicole-Lise Bernheim, Mireille Cardot  et Frédéric Dard (l’auteur des San Antonio) et tous les trois s’étaient bien amusés, complices dans les jeux de mots, mais la cause féministe n’était pas vraiment évoquée. Il s’agissait pour les autrices de s’amuser à faire disparaître le père derrière la mère, alors que dans l’article évoqué plus haut il s’agit de donner une finale féminine à des mots neutres, collectif et monument.

 Et, là aussi, on voit mal en quoi une phrase comme « Dans la cuisine de sa appartemente elle se préparait une sandwitche avec deux tranches de paine, de la jambonne et de la beurre » ferait en quoi que ce soit avancer la cause des femmes. On pourrait même mettre le féminisme au féminin, la féminisme, mais cela aurait peut-être  pour effet d’écarter les hommes, je l’espère nombreux, qui soutiennent cette cause.

Cette posture un peu imbécile me fait penser à la liste ironique que dresse Mohamed Mbougar Sarr dans son roman Le plus secrète mémoire des hommes (éditions Philippe Rey, 2021):

« W. est le premier romancier noir à recevoir tel prix ou à entrer dans telle académie : lisez son livre, forcément fabuleux.

X. est la première écrivaine lesbienne à voir son livre publié en écriture inclusive : c’est le grand texte révolutionnaire de notre époque.

Y. est bisexuel athée le jeudi et mahométan cisgenre le vendredi : son récit est magnifique et émouvant et si vrai !

Z. a tué sa mère en la violant, et lorsque son père vient la voir en prison, elle le branle sous la table du parloir : son livre est un coup de poing dans la gueule. »

 

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fleche8 Mars 2024: Journée des droits de la femme

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Je ne sais plus qui a dit « quand je me regarde je me désole, quand je me compare je me console ». Mais la France n’a guère à se désoler. Prenez l’Irlande par exemple. Ce pays, qui est l’un des deux paradis fiscaux de l’Union européenne, l’autre étant le Luxembourg (c’est marrant, on n’en parle jamais) ne brille guère sur l’égalité des sexes. En cette journée des droits de la femme, je vous invite à lire le texte ci-dessous.

 

41.1

1° L'État reconnaît la famille comme le groupe naturel, primaire et fondamental de la Société, et comme une institution morale possédant des droits inaliénables et imprescriptibles, antérieurs et supérieurs au droit positif. 
2° L'État, par conséquent, garantit la formation et l'autorité de la famille, comme la base nécessaire de l'ordre social et comme indispensable au bien-être de la nation et de l'État.

41.2 

1° En particulier, l'État reconnaît que, par sa vie au foyer, la femme apporte à l'État un soutien sans lequel le bien commun ne peut être atteint. 
2° L'État, par conséquent, s'efforce de veiller à ce que les mères ne soient pas obligées par les nécessités économiques à travailler en négligeant les devoirs de leurs foyers.

41.3. 

1° L'État s'engage à prêter une attention spéciale à l'institution du mariage sur laquelle la famille est fondée et à la protéger contre toutes les attaques. 
2° Aucune loi accordant la dissolution du mariage ne peut être adoptée. 
3° Aucune personne dont le mariage a été dissous selon la loi civile d'un autre État, mais dont le mariage reste valable selon la loi en vigueur à cette époque sous la juridiction du Gouvernement et du Parlement établis par la présente Constitution, ne peut contracter un mariage valide sous cette juridiction durant la vie de l'autre personne avec laquelle elle était mariée.

Ces lignes, qui puent le catholicisme rance, viennent de la constitution irlandaise (article 41). Eh oui ! Ce n’est sans doute pas par hasard si en France l’introduction du droit à l’IVG a été introduite dans la constitution quelques jours avec le 8 mars. En Irlande, la population est invitée aujourd’hui, journée des droits de la femme, à voter sur la suppression de cet article. Je suppose que les femmes croisent les doigts et que les curés se désolent.

 

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fleche1er Mars 2024: Lysistrata?

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Lorsqu’on voit qu’aux USA le droit à l’avortement est remis en question dans un certain nombre d’états, qu’en Pologne il est de plus en plus restreint, qu’en Hongrie on fait entendre aux femmes voulant avorter les battements de cœur  des fœtus, qu’au Parlement européen les députés reçoivent des fœtus en plastique, on ne peut que se réjouir du vote des sénateurs en France.  Le droit à l’avortement sera donc sans doute inscrit dans la constitution la semaine prochaine.

Pourtant la chose ne semblait pas aussi simple. Les catholiques traditionnels, qu’on avait beaucoup entendus lors du débat sur le mariage pour tous, comme les musulmans intégristes, font dans notre société un bruit assourdissant. La presse Bolloré est envahissante, le Rassemblement National progresse mais, sur ce point particulier, tout ce bruit était illusoire. On s’attendait qu’au Sénat, où domine largement la droite, le texte de cette loi soit remanié, amoindri, voire refusé. Le président du Sénat, Gérard Larcher, avait pris position contre, Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR, avait annoncé être sur la même position… Mais le texte a été voté à une large majorité.

Cette victoire, qu’il faut saluer, signe peut-être la fin de cette droite se disant héritière du gaullisme et qui ne sait plus où elle est. Malgré les pitreries d’un Ciotti, le Parti Républicain ressemble de plus en plus à une peau de chagrin. Certaines de ses tête, comme Rachida Dati, ont rejoint la droite centriste de Macron, d’autres se font lentement aspirer par l’extrême droite du Rassemblement national. Selon les sondages sur les élections européennes à venir, LR avec 8% des voix, serait derrière  les socialistes (11%) , les écologistes (7%), la France insoumise (7%) et bien sûr le RN (30%). Bref les héritiers de ceux qui ont gouverné la France pendant une quarantaine d’années, entrecoupée par les quatorze ans de François Mitterrand et les cinq de François Hollande, semblent sur le point de disparaître.

Au-delà de ces considérations politiques, il faut cependant souligner un autre phénomène. C’est la droite masculine rance, accrochée  à ses préjugés idéologiques, qui semble avoir abdiqué devant les femmes. Les femmes sénatrices d’abord qui, toutes appartenances politiques confondues, ont plus que les hommes voté pour ce texte. Mais peut-être aussi devant leurs femmes. Certains ont même confié que leurs filles le avaient menacés de ne plus leur parler s’ils ne votaient pas le texte.

Le Grec Aristophane avait dans sa pièce Lysistrata mis en scène une guerre du sexe, les femmes des cités grecques, pour mettre fin à la guerre entre Athènes et Sparte, décidant de n’avoir plus aucune relation avec leur mari. Je n’ai bien sûr aucun moyen de savoir sir les femmes des parlementaires de droite ont utilisé de tels arguments. Mais ce vote nous montre que, sur ce point au moins, il y avait un décalage entre les réflexes idéologiques des parlementaires de droite et la société dans son ensemble.

Mais ne rêvons pas. Il reste encore bien des thèmes, au premier rang desquels la question des migrants, sur lesquels notre société est fermement amarrées à des positions de droite, voire d’extrême droite….

 

 

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Février 2024

 

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 fleche25 février: On en apprend tous les jours


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Dans mes mémoires (Tant mieux si la route est longue, ed. Lambert-Lucas, 2022) je parle d’Albert-Paul Lentin, ancien résistant, ayant combattu pour la libération de la Corse, puis ayant été chargé de mission au tribunal de Nuremberg. Successivement journaliste au Libération d’Astier de la Vigerie, aux Temps modernes de Jean-Paul Sartre, au Nouvel Observateur  de Jean Daniel, militant infatigable de l’anticolonialisme,  il connaissait tous les leaders du tiers-monde. Je l’ai connu pour ma part à Politique Hebdo, hebdomadaire d’extrême gauche auquel je collaborais. Entre 1970 et 1980, je l’ai vu des centaines de fois, et j’ai souvent mangé avec lui les jours ou se réunissait le comité de rédaction, le mercredi si je me souviens bien. Il est mort en 1993, à 70 ans.

Dans un livre à paraître la semaine prochaine aux éditions du Seuil, A la solde de Moscou, politiques, journalistes, hauts fonctionnaires…Révélations sur des Français qui espionnaient pour l’Est, Vincent Jaubert révèle, entre beaucoup d’autres choses, que Lentin a toujours été un espion du KGB,  via la StB, service d’espionnage tchécoslovaque qui le rémunérait. Je dois avouer que ça vous fout un choc.

On en apprend tous les jours…

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 fleche18 février: Intersectionnalité


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J’ai lu cette semaine un article consacré à un débat au sein de #NousToutes, organisation féministe traversée par de multiples discussions, oppositions, dénonciations voire accusations d’antisémitisme. Le tout avec en toile de fond les ambigüités de Mélenchon et de le France insoumise sur le Hamas et le 7 octobre. Tout d’abord un note lexicale : l’expression cancel culture, importée des USA, a donné naissance à un verbe que mon correcteur orthographique souligne rouge (mais ça changera sans doute bientôt) : silencier  et son participe passé silencié.

Pour le reste, je vais me contenter de donner ci-dessous quelques thème de ce débat et surtout des citations. La question centrale, celle autour de laquelle tournent les affrontements, est de savoir si la cause palestinienne est aussi une cause féministe, et que deviennent dans cette situation les femmes juives.  On parle ainsi d’une « une journaliste et militante transféministe et anti-impérialiste », de  meufs dans l’orbite du NPA », de « juive décoloniale » et l’on présente les juifs comme se trouvant dans « l’angle mort de l’antiracisme ».  D’où cette déclaration d’une des femmes interrogées dans l’article : « si l’intersectionnalité s’arrête dès qu’il est question des femmes juives, c’est sans moi » .

Un autre thème très présent est celui de la culpabilisation, qui tient à la nature même de l’approche intersectionnelle. Plus celle-ci agrège de traits, et plus il est difficile d’y correspondre. Ainsi certaines déclarent devoir  « se racheter par rapport aux critiques les visant comme étant trop blanches et bourgeoises », ce qui n’est pas sans rappeler la situation jadis inconfortables des intellectuels ou des bourgeois dans les cellules du parti communiste.

Et tout ceci mène donc à ce type de réflexions : « elles veulent être les meilleures alliées des antiracistes, ce que j’approuve, ça condition que ce ne soit pas au détriment de notre propre cause »

Bon, il est probable que l’organisation #NousToutes s’en sortira, du moins on le lui souhaite. Mais ce qui est ici en cause est autre chose : l’efficacité théorique et pratique de la notion d’intersectionnalité. Les voies qu’elle ouvre et celles qu’elles ferment, mais aussi les voix qu’elle silencie.

Vous avez deux heures pour écrire votre copie.

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 fleche11 février: Géopolitique de la peine de mort

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Samedi, toute la presse française a rendu hommage à Robert Badinter, une des plus grandes figures du droit et de la politique. C’est en particulier lui qui, en 1981, nommé ministre de la justice par François Mitterrand, a fait voter la loi mettant fin à la peine de mort. Le journal Libération, en cette occasion, a publié la carte ci-dessous.


On y voit que la peine de mort reste appliquée dans plus de cinquante pays  dans le  monde. Il est souvent difficile de savoir le nombre de ces exécutions. Ainsi, en Chine, les chiffres sont comme souvent incertains. Plusieurs milliers en 2009 selon Amnesty International, 10.000 en 2005 selon certaines évaluations, on y exécute à foison. En Arabie Saoudite, on compte une centaine d’exécutions par an. Aux USA les mises à mort  (une vingtaine en 2023) se répartissent entre sept états, Floride, Californie, Louisiane,  Texas, Alabama, Arizona et Caroline du Nord. De façon plus générale, neuf exécutions sur dix ont lieu dans quatre pays, Iran, Egypte, Irak et Arabie Saoudite (mais on ne sait pas grande chose sur la Chine).

Cette carte nous donne donc une vision géopolitique de la peine de mort. Elle a été abolie en Europe et en Amérique du Sud, est maintenue dans trente pays africain (même si elle est peu appliquée), domine en Asie… Mais vous pouvez aussi réfléchir sur la définition de cette peine. Elle n’existe pas, officiellement, en Israël, mais ce n’est sans doute pas l’opinion de la population civile de Gaza.

Bref, si vous faites, le dimanche, un repas de famille, j’espère que ces quelques indications ne vous couperont pas l’appétit. Mais peut-être vous donneront-elles quelques idées sur les  lieux ou aller ou non en vacances.

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 fleche9
février 2024: Les langues et le fric

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Qu’est-ce qui rend une langue attractive ? Qu’est-ce qui, au-delà de celle dont nous avons hérité de notre  famille ou de notre environnement social, fait qu’une langue nous attire ou nous intéresse ?

Lorsqu’il y a une quarantaine d’années j’ai commencé à enseigner en Chine, à Canton, j’avais été frappé par toutes les représentations qui entouraient le cantonnais. Trois heures par jours, cinq jours par semaines et pendant deux mois j’avais devant moi le même groupe de jeunes chercheurs, et je n’ai pas réussi à leur faire admettre qu’il n’y avait pas qu’une langue chinoise, le « mandarin » (en chinois pu tong hua, « langue d’unification ») mais sept ou huit, et que le cantonais n’était pas un « dialecte ». J’avais en outre noté une sorte de contradiction. Le gens du Nord se moquaient beaucoup des Cantonais, en particulier de leur prononciation, leur accent, mais en même temps ils s’intéressaient à la musique de rock venue de Hong Kong et chantée en cantonais. Quelques années plus tard, lorsque le capitalisme s’est résolument installé dans cette dictature pseudo communisme, j’ai vu apparaître un intérêt pour le cantonais de la part des hommes d’affaires. Il y avait même une formule faisant florès, du genre « si tu veux réussir dans les affaire, apprends le cantonais et va à Hong  Kong.

Or il vient de se produire quelque chose de semblable, à propos non plus du cantonais mais de la langue de Shanghai, le shanghaïen. Le célèbre cinéaste  Wong Kar-Wai (In the mood for love, 2046, etc.) vient de réaliser une série télévisée (Fan Hua, « fleurs de Shanghai », traduit en anglais  Blossoms Shanghai) qui obtient un très grand succès en Chine. Le succès de cette série tient à plusieurs choses. A la personnalité de Wong Kar-Wai, originaire de Shang  Hai mais qui a toujours tourné à Hong Kong, au thème de la série, l’ascension d’une jeune homme qui devient millionnaire dans les années 1990, et au fait que les dialogues soient en Shanghaïen  (sous-titrés en mandarin, bien sûr). Selon le  magazine en ligne Sixth tone, publié en anglais à Shang Hai, « des milliers de personnes postent actuellement des vidéos d’elles en train d’apprendre le dialecte de la série sur le réseau social Xiaohongshu ».

En d’autre termes, pour le cantonais comme pour le shanghaïen, des langues contre lesquelles la politique linguistique officielle lutte, sont revalorisées par l’engouement pour la réussite sociale et pour le fric. On peut considérer cela comme désespérant. Imaginez que les militants des langues régionales ou minoritaires de France lancent des campagnes du genre « apprenez le corse et faites fortune dans la mafia », « vous voulez sauver la pêche, apprenez le breton », ou encore « pour réussir dans les polyphonies, chantez en corse ou en basque »….

Et j’espère que ces militants, s’ils me lisent, comprendront que cette dernière phrase relève de l’humour…

 

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fleche4
février 2024: Pour me désennuyer

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Pour me désennuyer après un dimanche de travail, je me suis amusé à poser au logiciel d’intelligence artificielle ChatGPT deux questions très proches l’une de l’autre. Le première, « comment un chef d’état peut-il se défendre face à des critiques du peuple? » Et la seconde, « comment un dictateur peut-il se défendre face à des critiques du peuple? Je vous laisse découvrir ci-dessous, sans commentaire, les deux réponses.

 

Comment un chef d'état peut-il se défendre face à des critiques du peuple? 

En tant qu'assistant AI, je peux vous fournir quelques suggestions sur la façon dont un chef d'État peut se défendre face à des critiques du peuple. Il est important de noter que ces suggestions sont générales et peuvent varier en fonction de la situation spécifique. Voici quelques approches possibles :

1. Écoute active : Un chef d'État peut commencer par écouter attentivement les préoccupations et les critiques du peuple. Cela montre une volonté de comprendre les problèmes et de prendre en compte les opinions de chacun.


2. Transparence : Il est essentiel pour un chef d'État d'être transparent dans ses actions et ses décisions. En fournissant des informations claires et en expliquant les raisons derrière ses choix, il peut aider à dissiper les malentendus et à gagner la confiance du peuple.


3. Communication ouverte : Un chef d'État peut organiser des rencontres publiques, des conférences de presse ou utiliser les médias sociaux pour communiquer directement avec le peuple. Cela permet de répondre aux critiques de manière proactive et de partager sa vision et ses objectifs.


4. Dialogue constructif : Encourager un dialogue constructif avec les citoyens peut aider à résoudre les problèmes et à trouver des solutions communes. Un chef d'État peut mettre en place des mécanismes de participation citoyenne, tels que des forums ou des consultations, pour impliquer activement le peuple dans le processus décisionnel.


5. Actions concrètes : Un chef d'État peut répondre aux critiques en prenant des mesures concrètes pour résoudre les problèmes soulevés. En montrant des résultats tangibles, il peut démontrer son engagement envers le bien-être du peuple.


Il est important de noter que chaque situation est unique et qu'il n'y a pas de solution universelle. La manière dont un chef d'État se défend face aux critiques dépendra de nombreux facteurs, tels que la nature des critiques, le contexte politique et les valeurs du pays.

 

Comment un dictateur peut-il se défendre face à des critiques du peuple?

En tant qu'assistant AI, je dois souligner que la promotion ou la défense des dictateurs ou des régimes autoritaires va à l'encontre des principes démocratiques et des droits de l'homme. Cependant, je peux vous donner une réponse générale sur la façon dont certains dictateurs peuvent se défendre face aux critiques du peuple, bien que cela ne signifie pas que ces actions soient justifiables ou recommandées:


1. Répression : Certains dictateurs peuvent choisir de réprimer les critiques en utilisant la force, la censure ou la répression politique. Cela peut inclure l'emprisonnement, la torture ou l'intimidation des dissidents pour étouffer les voix discordantes.


2. Propagande : Les dictateurs peuvent utiliser la propagande pour contrôler l'information et manipuler l'opinion publique. Ils peuvent diffuser des messages trompeurs ou déformer la réalité pour discréditer les critiques et maintenir leur pouvoir.


3. Contrôle des médias : Les dictateurs peuvent exercer un contrôle strict sur les médias, en limitant la liberté de la presse et en censurant les informations indépendantes. Cela leur permet de contrôler le récit et de supprimer les critiques.


4. Manipulation électorale : Certains dictateurs peuvent manipuler les élections pour maintenir leur pouvoir, en utilisant des tactiques telles que la fraude électorale, l'intimidation des électeurs ou la suppression de l'opposition.


5. Répression des manifestations : Face à des critiques massives, les dictateurs peuvent réprimer les manifestations en utilisant la violence ou en imposant des restrictions sévères sur le droit de manifester.

Il est important de souligner que ces méthodes sont contraires aux principes démocratiques et aux droits de l'homme. Les dictateurs qui utilisent ces tactiques cherchent souvent à maintenir leur pouvoir au détriment des libertés et du bien-être de leur peuple.

 

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Janvier 2024

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 fleche
31 janvier 2024: Cancel culture à la floridienne

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Révolution sur les campus de Floride. On y a décidé de supprimer l’enseignement de la sociologie dans les universités et de la remplacer par des cours d’histoire américaine avant 1877. Baroque ? Pas tant que ça, si l’on se souvient  de la personnalité du gouverneur  de l’état, Ron Desantis, particulièrement réactionnaire. Il avait d’ailleurs, il y a deux ans, lancé une formule, don’t say gay or trans, interdisant dans l’enseignement primaire et secondaire tout débat sur le genre ou l’homosexualité. Et son commissaire à l’éducation vient de déclarer que les étudiants devraient « se concentrer sur l’apprentissage de la vérité sur notre pays au lieu d’être radicalisés par une idéologie éveillée ». Traduisez : une idéologie woke. Et tout s’éclaire. Il s’agit d’une véritable guerre culturelle qui s’’amorce dans l’enseignement des sciences humaines, entre progressistes et conservateurs. En cause le wokisme donc, les études de genre ou les études décoloniales qui fleurissent aux USA et commencent à gagner la France.

De mon point de vue, la question n’est pas de savoir si ces thèmes sont justifiés ou pas, mais de savoir quels rapports ils entretiennent avec la démarche scientifique, quels rapports en quelque sorte chronologiques doit-il y avoir entre la passion et la raison. Y a-t-il un danger à subordonner la science à la politique, à mettre la charrue avant les bœufs ? Cela mérite débat, mais le gouvernement de Floride ne s’embarrasse pas de débats. Il annule, il coupe. Plus de sociologie !

Le paradoxe est que l’on associe souvent au wokisme la cancel culture, cette volonté de « supprimer » ou de boycotter des œuvres d’art si elles sont considérées comme racistes, misogynes ou homophobes. Or le gouvernement de Floride, en supprimant l’enseignement de la sociologie  dans les universités de cet état, pratique justement le même type de cancel culture.

Pour finir en riant tout de même, Ron Desantis devrait méditer cette phrase de Pierre Desproges : « J’essaie de ne pas vivre en contradiction avec les idées que je ne défends pas ». 

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 fleche
25 janvier 2024: Entre la Mecque et Rome, leur coeur de balance pas...

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Depuis quelques temps on parle beaucoup du lycée privé catholique  Stanislas de Paris. Tout a commencé avec la nomination d’Amélie Oudéa-Castéra au poste de ministre de l’éducation nationale. Une enquête de presse révèle que ses trois enfants sont scolarisés dans cet établissement huppé et, pour se défendre, elle avance un argument qui se révèle être un mensonge : elle aurait retiré son fils d’une école publique au bout de six mois « parce que des paquets d’heures » n’étaient pas remplacées. De fil en aiguille, on apprend que, dans le temps scolaire obligatoire, on  professerait dans l’établissement des propos homophobes (« l’homosexualité est une maladie ») ou anti LGBT, condamnerait l’avortement  (« c’est le mal »), la contraception chimique (« elle est dangereuse »), qu’il y aurait des classes non mixte, etc. Bref, tout cela sent le catholicisme intégriste à plein nez. Cerise sur la gâteau, le lycée Stanislas contournerait le système Parcoursup pour faciliter l’accès des bacheliers à l’enseignement supérieur et à la spécialité qu’ils préfèrent (au passage, le fils aîné de la ministre aurait profité de ce truquage), etc.

Or le lycée Stanislas est sous contrat avec l’Etat, il touche de grosses subventions, ses professeurs sont payés par l’éducation nationale et il se doit  donc de respecter les lois de la République. Face à cela, les réactions officielles sont d’une étonnante prudence, sur le thème de « il ne faut pas relancer la guerre des religions ». Certes, mais il ne faut pas non plus tolérer cet enseignement réactionnaire, qui ne respecte ni la laïcité ni les programmes officiels. Chacun a le droit d’inscrire ses enfants où il veut, mais un tel lycée ne devrait pas bénéficier de l’argent public.

A 200 kilomètres de Paris, le lycée privé musulman Averroès de Lille a perdu son contrat d’association avec l’Etat pour des raisons qui, si elle sont avérées, me semblent justifier cette décision. Il s’agirait de gestion financière douteuse (le lycée recevrait en outre de l’argent du Qatar, pays proche des frères musulmans) , de cours d’éthique musulmane dans lesquels on contesterait la laïcité, on condamnerait l’homosexualité et on donnerait une  image du statut de la femme rétrograde. Là aussi, à mes yeux, un tel lycée ne devrait pas bénéficier de l’argent public. Mais le problème est que, comme le disent d’ailleurs les responsables du lycée Averroès, on a l’impression qu’il y a deux poids et de mesures, qu’Averroès n’est pas traité comme Stanislas.

Revenons à Paris. Frédéric Gautier, le directeur du lycée  Stanilsas, a déclaré dans une interview : « Je suis le directeur d’un établissement catholique, et donc j’ai une double légitimité dont il faut que je rende compte. Le première légitimité, c’est du côté de l’église catholique, puisque le dirige un lycée catholique. La deuxième légitimité, c’est du côté de la République puisque je dirige un établissement associé à l’état par contrat »

Cette déclaration un peu alambiquée appelle deux remarques Tout d’abord, monsieur Gautier, votre établissement sous contrat avec l’état doit avant tout respecter les lois de la République et les programmes de l’éducation nationale. La seconde est une question : si le directeur du lycée Averroès déclarait que sa « première légitimité » est du côté de l’islam, vous imaginez les hurlements  que cela provoquerait ?

En  conclusion, la religions catholique reste en France privilégiée, ce qui est proprement scandaleux. Moi qui déteste toutes les religions , leurs discours, leurs pratiques et le lavage de cerveaux qu’elles opèrent, je me réjouis qu’on mette fin au contrat avec Averroès. A condition qu’on traite de la même façon Stanislas.

Mais, entre la Mecque et Rome le cœur du gouvernement ne balance pas.

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 fleche
17 janvier 2024: Ce qu'on a besoin...

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Tout le monde le sait, tout le monde en parle : l’école française est en mauvais état. Je ne parle pas des absences non remplacées dont a parlé la ministre de l’éducation nationale (et des sports, et des Jeux Olympiques, et des Jeux paralympiques… Quelle santé !), non, je parle du niveau des élèves en mathématiques et en langue française. En décembre 2023, dans le dernier classement PISA, mesure des performances éducatives  de différents pays mise en place par l’OCDE, la France se retrouve à la 23ème place. Une catastrophe, nous dit-on.

En primaire, au collège, et même au lycée, les élèves français ne sont pas brillants. Heureusement, direz-vous, il nous reste l’université. Tenez, au hasard, la faculté de droit de Poitiers. Elle peut être fière. Un de ses anciens étudiants, titulaire d’un double master,  a été élu député européen à 34 ans, puis nommé ministre des affaires étrangères à 38 ans. La gloire ! Sans avoir besoin de passer par l’ENA, où l’on forme des spécialistes dans le général dont l’absence de compétences  permet d’accéder aux plus hautes fonctions, voilà un étudiant moyen, titulaire d’un simple master, qui devient ministre. L’université mène donc à tout. Sauf que dans le cas de Stéphane Séjourné, puisqu’il s’agit de lui, on ne peut pas dire que son niveau de français soit brillant.

A peine nommé  ministre des affaires étrangères, il s’est rendu à Kiev en début de semaine, et ses interventions ne sont pas à la gloire de la diplomatie française. Qu’on en juge :

« la défense des  principes fondamental du droit international », « sur le point de vue », « c’est moi qui décidera », « ce sera l’occasion de voir pour nous ce qu’ont besoin les Ukrainiens ».

Une chance quand même : le classement PISA ne mesure pas les compétences en langues et en mathématiques des ministres. Mais tout de même, "ce qu'a besoin" le gouvernement, c'est peut-être d'un recyclage en langue et en mathématiques...

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 fleche
14 janvier 2024: Jaculation et fellation

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Tous les ans les deux dictionnaires les plus vendus (Larousse et Robert) publient la liste des mot nouveaux qui apparaissent dans leur nouvelle édition. Cette opération de communication a bien sûr pour objet de montrer qu’ils sont branchés sur la nouveauté, sur l’évolution de la langue, sur des parlers périphériques…  Le Robert vient d’innover cette année en publiant le « Top 10 » (oui, c’est la formulation utilisée) des mots les plus recherchés  dans sa version en ligne. Voici par ordre décroissant le résultat de cette approche statistique: wokisme, agnostique, abaya, factieux, kibboutz, narreux, implosion, gênance, promulguer et jaculatoire

On  peut y voir l’effet de phénomènes idéologique (wokisme, agnostique),  l’écho de faits politiques comme la guerre israélo-palestinienne (kibboutz), l’adoption des lois  sur les retraites ou l’immigration (promulgation). On peut aussi s’étonner de l’arrivée de mots régionaux (nareux, gênance) dont je m’explique mal la présence. Ou on peut rire de jaculatoire, qui mérite que nous nous y arrêtions. En effet, lors de sa visite à Marseille, le pape François a appelé les fidèles à pratiquer des jaculatoires, terme vieilli qui dans le discours religieux désigne des prières courtes et ferventes. Bien entendu, tout le monde a fait le rapprochement avec éjaculation, qui remonte d’ailleurs à la même racine latine, un verbe signifiant « lancer, « jeter », par exemple un javelot ou un filet, mais aussi une prière rapide ou du sperme.

Devant le surprise causée par la nomination au poste de ministre de la culture de Rachida Dati, je me suis amusé à imaginer que cette liste proposée par le Robert pourrait servir de test. On demanderait avant de nommer une personne  ministre de la cultute de donner le sens de ces dix mots, wokisme, agnostique, abaya, factieux, kibboutz, narreux, implosion, gênance, promulguer et jaculatoire.

Je suis méchant ? Peut-être. Mais je me souviens que le 26 septembre 2010, parlant sur Canal + d’un plan de licenciement, ladite Rachida Dati avait donné cette analyse ultra marxiste, à un mot près :

"De plus en plus, ces fonds d'investissements étrangers n'ont pour seul objectif que la rentabilité financière à des taux excessifs. Quand je vois certains qui réclament une rentabilité à 20-25%, avec une fellation quasi nulle, et , en particulier en période crise, ça veut dire qu'on casse les entreprises..."

Fellation, inflation, à part la rime on voyait mal le lien… sauf peut-être qu’il s’agissait de l’usine de lingerie féminine Lejaby.

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11 janvier 2024: Attal, la voix de son maître

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J’ai souvent dit et écrit que les titres de Libération me ravissaient par leur inventivité et leur humour. Et hier, la journal a fait fort autour de la nomination de Gabriel Attal  à Matignon. En une, Macron premier ministre. Puis en page 2, Macron choisit le cadet de ses sosies, en 3 De porte-parole à Premier ministre, la voie loyale (ils auraient aussi pu oser la voix loyale), en 5  L’éducation com ci com ça (Ha, la communication !) et en 7 Attal, bouée de sauvetage de Macron. Un tir groupé qui ramène le premier ministre à ce qu’il semble être : La voix de son maître (Tiens, ça va me faire un beau titre !). Petit détail qui peut vous intéresser : les journalistes de Libé ne choisissent pas les titres de leurs articles, cela est réservé à des « titreurs » qui, visiblement, doivent s’amuser comme des petits fous.

Autre détail, qui n’a rien à voir : comme chaque année à pareille époque, mon site est mis à jour. Vous trouverez donc  en allant dans « bibliographie » la liste de mes publications en 2023


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8 janvier 2024: racisme  onomastique

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Le prénom a un statut hybride. D’un certain point de vue, il constitue le premier coup de force dont nous sommes victimes, puisque ce sont nos parents qui le choisissent et nous l’imposent. Mais il est aussi un lien avec notre identité, notre histoire familiale : beaucoup d’entre nous portons un prénom rappelant celui d’une grand-mère ou d’un grand-père, de racines bretonnes ou provençales…

Mais les prénoms, ou du moins certains d’entre eux, sont en train de devenir la cible de l’extrême droite. Il y a quelques semaines, les media Bolloré et le Rassemblement national affirmaient à qui voulait les entendre que la justice masquait volontairement les prénoms de ceux qui étaient venus, dans un bal à Crépol,  « casser du blanc » et tuer le jeune  Thomas. Traduisez : on nous cache que les assaillants meurtriers étaient des arabes. Et le journaliste Patrick Cohen, qui avait sur la 5 dans l’émission « c’est à vous » déclaré que les circonstances de cette mort n’étaient pas aussi claires, s’est fait couvrir de boue par ces media malodorants. Quand, plus tard, l’enquête montra que Cohen avait raison, qu’il ne s’agissait pas d’une descente de casseurs mais d’une bagarre à l’origine de laquelle se trouvait sans doute la victime, Thomas, l’inénarrable Pascal Praud, « journaliste » à CNews, lance « Le système réécrit Crépol ». Il s’est en fait illustré depuis longtemps par des insinuations racistes (lançant par exemple l’idée d’un lien entre les punaises de lit et l’immigration) et s’est spécialisé, pour sa défense, en s’abritant derrière un « on ne peut plus rien dire » dont tout le monde comprend les connotations.

Mais restons-en aux prénoms. Eric Zemmour, dans sa campagne présidentielle en 2021 annonçait qu’il proposerait une loi imposant la francisation des prénoms. S’installait ainsi dans l’extrême droite française une obsession identitaire changeant de cible. Le racisme génétique étant puni par la loi, il est aujourd’hui remplacé par un racisme onomastique. On ne peut plus reprocher à haute-voix aux Noirs, aux Asiatiques ou aux Arabes d’être noirs, asiatiques ou arabes, alors on leur reproche leurs prénoms.  Et l’on cible surtout les prénoms à consonance arabe (donc musulmans donc terroristes si on suit la « logique » de cette pensée mortifère).

Dans cette ambiance nauséabonde, il m’est agréable de signaler un livre que je viens de lire, Tenir sa langue  de Polina Panassenko. Roman largement autobiographique racontant l’histoire d’une jeune russe venant en France avec ses parents, apprenant le français (le récit de cette acquisition est parfois hilarant), obtenant la nationalité française et du même coup voyant son prénom, Polina, francisé en Pauline. Or Polina était le prénom de sa grand-mère, et elle souhaite le reprendre. Je vous laisse découvrir les détails de son parcours du combattant dans un champ juridique…

Pour finir, si le prénom est une marque d’identité et s’il faut, pour être un vrai Français porter un prénom bien français, que faut-il penser de ceux qui, comme Eric Ciotti ou Eric Zemmour, portent des prénoms germaniques ?

 

 

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