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15
mai:
Néo-norvégien

Il
y a plus de
vingt
ans que j’ai
noté une
nouveauté dans
la
communication
des maisons
d’éditions.
Lorsqu’un
ouvrage était
traduit de
l’anglais ou
de l’espagnol
par exemple on
indiquait
« traduit
de l’anglais
(USA) »
ou
« traduit
de l’anglais
(Nigeria) »,
« traduit
de l’espagnol
(Cuba) »
ou
« traduit
de l’espagnol
(Argentine) ».
Ces précisions
pouvaient se
lire de deux
façons
différentes,
complémentaires :
l’affirmation
de la
compétence du
traducteur
dans telle ou
telle variante
d’une
langue et
l’affirmation
ou le
reconnaissance
de ces
variantes. Et
ces pratiques
concernaient
surtout les
langues de
grande
diffusion,
anglais,
espagnol,
français…
Or
je viens de
lire l’annonce
de la parution
d’un roman, Un
nouveau nom,
« traduit
du
néo-norvégien »,
mention qui
peut
surprendre :
qu’est-ce que
le
néo-norvégien ?
En fait, les
exemples que
je viens de
prendre
concernaient
des variantes
géographiques
internationales :
l’anglais ou
l’espagnol de
tel ou tel
pays. Et il
s’agit ici
d’une variante
interne à un
pays. Après
une longue
histoire que
je ne
raconterai pas
ici, on parle
en Norvège
deux formes
linguistiques,
le nynorsk
(nouveau
norvégien) et
le bokmål
(langue
des livres) et
une loi
précise que «
la langue bokmål et la langue nynorsk (sont
des
variantes
linguistiques
de valeur
égale et ont
un statut
égal dans les
communications
écrites de
tous les
organismes de
l’État, les
communes et
les
municipalités
régionales. »
En fait les différences entre les deux formes sont essentiellement
phonétiques et
font le
bonheur des
collectionneurs
de timbres. On
en trouve
indiquant Norge,
d’autres
indiquant Noreg
et
d’autres
utilisant les
deux formes.
En fait, le bokmål
domine
largement (80%
des locuteurs)
et les gens
parlant l’une
ou l’autre
forme se
comprennent
parfaitement,
même si l’on
considère que
le journaux
écrits en nynorsk
sont
plutôt de
gauche et ceux
écrits en bokmål
plutôt
de droite.
Mais
ce qui
m’intéresse
ici est que la
mention
« traduit
du
néo-norvégien »
renforce
l’existence de
cette
variante :
la nomination
a un pouvoir
auquel
on ne pense
pas toujours.
5
mai 2925: BD

Le
dessinateur
Aurel, collaborateur
régulier du Canard
enchaîné, est
aussi l’auteur de
livres qui, sous la
forme de bande
dessinée, abordent
des sujets de fonds,
vient de
sortir au éditions
futuropolis Méditerranée,
histoires d’un
continent
kaléidoscope,
dans lequel, avec
l’aide de divers
spécialistes qu’il a
interviewés, il
aborde ce continent
liquide de points de
vue croisés et
complémentaires. On
y trouve les
historiens Patrick
Boucheron, Delphine
Diaz et Guillaume
Calafat,
l’archéologue
Guillem Perez Jorda,
le cuisinier Jean
Brunellin et
quelques autres,
mais aussi l’écho
des migrants. Bref
Aurel traite en 220
pages d’histoire, de
cuisine, de
conquêtes, de
migrations, dans
cette mer dans
laquelle certains se
baignent, surtout au
Nord, et d’autre se
noient,
principalement au
Sud. Une véritable
réussite, à lire par
ceux qui aiment les
BD intelligentes.
Cerise
sur
le gâteau, si j’ose
dire, il m’a
également interviewé
et j’y parle avec
lui, sur une
quinzaine de pages,
de l’histoire des
langues et des
écritures en
Méditerranée.
Et
cela
me fait tout drôle
de me retrouver en
personnage de bande
dessinée. Enfin,
vous verrez…
21
avril 2025:
Relire Barthes

Les
Mythologies,
publiées en 1957,
sont un recueil de
chroniques que
Roland Barthes avait
pour la plupart
publiées
lois après
mois dans les Lettres
nouvelles. Son
propos était assez
simple à
comprendre: la
société est bavarde,
et elle émet des
signes d’elle-même
dont la répétition
fait du sens. Du
catch au
steak-frite, des
détergents au tour
de France, il
disséquait ainsi le
discours de la
société dont il
tirera à la fin de
l’ouvrage une
théorisation : « Le
mythe,
aujourd’hui ».
Un
de
ces textes, écrit en
1955, prend
aujourd’hui un sens
particulier :
« Iconographie
de l’abbé
Pierre ». On y
trouvait des
formules chocs. La
coupe de cheveux, la
barbe, la canne, la
canadienne y étaient
analysées comme une
« forêt de
signes » qui
« déguise
l’abbé en saint
François ». Et
la chute du texte
laisse aujourd’hui
rêveur :
« J’en
viens
alors à me demander
si la belle et
touchante
iconographie de
l’abbé Pierre n’est
pas l’alibi dont une
bonne partie de la
nation s’autorise,
une fois de plus,
pour substituer
impunément les
signes de la charité
à la réalité de la
justice ».
Bien
sûr,
au moment où il
écrivait ces lignes,
un an après l’appel
de l’hiver 1954 qui
allait rendre l’abbé
célèbre, Barthes de
pouvait pas
savoir
qu’en 1957 le
« saint »
allait être
secrètement enfermé
dans une clinique
psychiatrique
suisse, que le
Vatican était
parfaitement au
courant de ses
dérives sexuelles et
qu’on lui retira
cette même année la
direction d’Emmaüs.
C’est
un livre récemment
paru qui dévoile
tout cela, un livre
dont le litre, L’abbé
Pierre,
la fabrique d’un
saint, sonne
d’ailleurs comme du
Barthes.
Je
sais
très bien qu’en
m’appuyant sur la
fin du texte de
Barthes, sa
conclusion,
« substituer
impunément les
signes de la charité
à la réalité de la
justice » je
transforme sa
pensée. Il ne savait
rien, ne pouvait
rien savoir à
l’époque, de ce qui
allait plus tard
intéresser la
justice dans les
agissements de
l’abbé Pierre. Mais
les hasards du style
donnent parfois des
expressions
prémonitoires.
18
avril 2025:
Paparazzade

Paparazzo, le personnage photographe
dans le film de
Fellini, La
Dolce Vita, a
eu une belle
carrière dans la
langue française,
surtout au pluriel,
paparazzi,
pour désigner les
photographes
spécialisés dans le
viol de la vie
privée des
personnalités. Il
vient de
réapparaître sous
une autre forme,
dans les conditions
que l’on va voir.
Gisèle Pélicot, dont on a beaucoup
parlé lors du procès
qu’elle avait
intenté à son
ex-mari qui l’avait,
sous sédation,
livrée à des hommes,
vient de porter
plainte pour
atteinte à la vie
privée contre
l’hebdomadaire Paris-Match
qui a publié
des photos d’elle
avec celui qui
serait son nouveau
compagnon. Et une
journaliste de
radio, rendant
compte de
l’événement, l’a
présentée comme
victime d’une paparazzade.
Joli nouveau
mot, non ?
15
avril 2025: George
Sand et Musset

Je suis en train da travailler, dans
le cadre d’un livre
sur l’écriture, sur
les différents
moyens de jouer avec
elle (virelangues,
contrepèteries,
etc.) Et je suis
tombé sur des
échanges
épistolaires entre
George Sand et
Alfred de Musset qui
ne manquent pas de
sel.
Voici d’abord un poème envoyé par Musset envoie à
George Sand dans
lequel, en ne lisant
que le premier mot de
chaque vers, on tombe
sur une autre
texte :
Quand je mets à vos pieds
un éternel hommage
Voulez-vous qu'un instant je
change de visage ?
Vous avez capturé les
sentiments d'un cœur
Que pour vous adorer
forma le Créateur.
Je vous chéris, amour,
et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que
je n'ose dire.
Avec soin, de mes vers
lisez les premiers
mots
Vous saurez quel remède
apporter à mes maux.
Auquel elle répondit :
Cette insigne faveur que
votre cœur réclame
Nuit à ma renommée et
répugne à mon âme.
Et
en 1835 George Sand
jouait avec
la linéarité de
l’écriture en
introduisant dans une
lettre à son amant un
sens caché grivois qui
n’apparaissait qu’en
lisant une ligne sur
deux :
« Je
suis
très émue de vous
dire que j’ai
bien compris l’autre
soir que vous aviez
toujours une envie
folle de me faire
danser. Je garde le
souvenir de votre
baiser et je
voudrais bien que ce
soit
là une preuve que je
puisse être aimée
par vous. Je suis
prête à vous montrer
mon
affection toute
désintéressée et sans
cal-
cul, et si vous
voulez me voir aussi
vous dévoiler sans
artifice mon âme
toute nue, venez me
faire une visite.
Nous causerons en
amis, franchement.
Je vous prouverai
que je suis la femme
sincère, capable de
vous offrir
l’affection
la plus profonde
comme la plus
étroite
amitié, en un mot
la meilleure preuve
que vous puissiez
rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez
que la solitude où
j’ha-
bite est bien
longue, bien dure et
souvent
difficile. Ainsi
en y songeant j’ai
l’âme
grosse. Accourez
donc vite et venez
me la
faire oublier par
l’amour où je veux me
mettre ».
9
avril
2025: Quand le capitalisme se tire une
balle dans le
pied

Dans le feuilleton trumpiste, où
l’on semble
régulièrement
entendre le
contraire de ce qui
était affirmé la
veille, il se
produit parfois des
choses qui font
sourire.
Déjà le choc en retour qui a vu
chuter les ventes
des voitures Tesla,
propriété d’Elon
Musk était
réjouissant. Mais de
nombreuses autres
marques américaines
pourraient souffrir
des fluctuations
mentales du
président des USA.
L’une des caractéristiques du
capitalisme est
qu’il cherche à
produire au plus bas
prix possible pour
vendre le plus haut
possible. Ainsi de
nombreuses
entreprises des pays
du Nord ont
délocalisé leur
production dans des
pays asiatiques où
la main d’œuvre est
très mal payée,
comme la Chine, le
Vietnam,
l’Indonésie, l’Inde,
etc. C’est par
exemple le cas
d’Apple, dont les
téléphones sont en
grande partie
fabriqués en Chine,
ou de Nike, dont les
chaussures sont
faites au Vietnam
(la marque y possède
plus de cent
usines), en Chine et
en Indonésie.
Or, à partir d’aujourd’hui, les
importations venant
de ces pays sont
surtaxées aux USA
(de 100% pour la
Chine, de 46% pour
le Vietnam).
Conclusion :
ces produits
« américain »
vont devoir
augmenter de façon
sensible leur prix
de vente sur le
marché américain, ou
les producteurs vont
devoir augmenter le
prix de leurs
produits ou réduire
considérablement
leur marge
bénéficiaire. Et ce
seront donc soit les
consommateurs soit
les entreprises qui
vont payer
l’addition. Il en
découlera une chute
des ventes ou un
manque à gagner.
Je ne sais pas quelles chaussures
utilise Trump pour
ses parties de golf
ni de quelle marque
est son téléphone,
mais le résultat de
ses interventions
douanières est assez
hilarant :
quand le capitalisme
se tire une balle
dans le pied.
14
mars 2025: Discrète
rétractation

Faut-il être étonné qu’un fait, une
opinion ou
affirmation
envahisse à une
époque donnée
nos écrans et
nos journaux et
puisse
disparaître et
ne plus
intéresser
personne quand
plus tard il
s’avère que ce
fait, cette
opinion ou cette
affirmation
étaient
erronés ?
Prenons l’exemple de Didier Raoult.
Il y a à peine
cinq ans on
parlait de lui
ou on
l’interviewait
sur toutes les
chaînes de radio
ou de télé, dans
tous les
journaux. Il
avait disait-on
(et surtout
disait-il)
trouvé avec
l’hydroxychloroquine
la solution pour
guérir du Covid
19. Ses
publications se
multipliaient,
ses expériences
s’accumulaient
et il n’en
démordait pas,
il était sûr de
son fait et le
proclamait avec
morgue. Puis le
rideau tomba sur
cette affaire un
peu burlesque,
dehors Raoult et
passons à autre
chose.
Je viens de tomber par hasard sur un
petit article
dans les
dernières pages
de la revue Science
et avenir de
ce mois-ci, à
peine une
demi-page, qui
relate pourtant
un événement
intéressant. La
revue International
Journal of
Antimicrobial
Agents vient
de
« rétracter »
un article
qu’elle avait
publié en mars
2020, signé par
Didier Raoult et
certains de ses
collaborateurs,
et qui portait
justement sur
les effets
curatifs de
l’hydroxychloroquine.
L’étude portait
sur 26 patients,
ce qui est bien
peu, six d’entre
eux avaient en
outre été
retirés de
l’étude (l’un
était mort, deux
autres en
réanimation), le
double aveugle
n’avait pas été
respecté et deux
des auteurs
étaient membres
du comité
éditorial de la
revue.
Le journaliste de Science et
avenir,
Jean-Gabriel
Ganascia, explique
qu’on
pratique ce
genre de
rétractation
dans trois cas
de figure :
une erreur de
bonne foi, une
fraude ou un
plagiat. Et il
conclut qu’il
s’agit ici
d’évidence d’une
fraude. Qui
fraude un œuf
fraude un bœuf
comme ne dit pas
la sagesse
populaire. Et il
semble bien que
Raoult et son
équipe n’aient
jamais cessé de
frauder. Mais
tout est bien
qui finit bien,
plus de quatre
ans après :
International
Journal of
Antimicrobial
Agents n’a
jamais
publié cet
article
puisqu’il a été
retiré, ceux
qui ,
nombreux,
critiquaient
Raoult, avaient
raison, mais les
média n’en
parlent guère.
On peut tout de même s’interroger
sur certaines
pratiques
scientifiques
qui semble bien
éloignées d’un
minimum de
déontologie.
2
mars 2025: Un blitzkrieg sémantique
Il m’arrive de me demander ce qu’il
peut y avoir dans la
tête des électeurs
de Trump. Ils
considèrent comme un
gourou un
voyou
inculte, repris de
justice, à la santé
mentale incertaine
et qui gère la
politique comme il
gère des affaires
immobilières.
Dirait-il que la
terre est plate
qu’ils
acquiéceraient
immédiatement…
Mais ce n’est pas là mon sujet du
jour. Il a en effet
signé un décret
contre « les
inepties de la
gauche
radicale », et
la fondation
nationale de la
science vient, dans
la foulée, de
publier une liste de
mots à éviter dans
les projets de
recherche. En voici
un petit
florilège :
Activisme, noir, personne de
couleur, autochtone,
femme, minorité,
équité, égalité,
inclusion,
stéréotypes, trauma,
genre, barrière,
transgenre,
transsexuel, LGBT,
non binaire, assigné
homme à la
naissance,
biologiquement
féminin, biaisé,
etc. etc. Joseph
Goebbels, ministre
de l’éducation du
peuple et de la
propagande d’Hitler,
aurait apprécié ce
blitzkrieg
sémantique.
Que l’on comprenne bien : les
agences
gouvernementales
arrêteraient de
subventionner les
projets de recherche
dans lesquels
figureraient ces
mots et d’autres
encore . Ce qui
signifierait la fin
de la liberté de
recherche dans le
pays. Et quand on
voit cette liste de
mots on se dit que,
paradoxalement, les
USA qui étaient
considéré comme le
pays de ce que
certains ont appelé
le
« wokisme »
est en train de
devenir le paradis
de l’anti
« wokisme »…
Ajoutons à cela la décision de Trump
de débaptiser le
golfe du Mexique,
qui serait désormais
le golfe d’Amérique,
ou la proposition
d’Elon Musk de
nommer
désormais
« canal Georges
Washington » la
Manche, mer qui
sépare la France du
Royaume uni. On
pourrait suggérer
ces malades de folie
baptismale d’appeler
désormais la
Nouvelle Orléans
« Nouveau
Berlin »…
Sommes-nous en 2025 ou dans la mise
en place du 1984 de
George Orwell ?
Ce qui est sûr,
c’est que ce qui
était considéré, à
tort ou à raison,
comme la plus grande
démocratie du monde,
est en train de
devenir tout le
contraire. D’ici
quelques années, je
pense que des
historiens se
pencheront sur
l’émergence de ce
néofascisme. Pour
l’instant, nous ne
pouvons que compter
les mois et les
années jusqu’au
départ de ce
président à demi
fou. En espérant que
ses idées ne
traversent pas trop
vite l’Atlantique,
pardon, l’océan
américain.
26
février 2025:
Calomniez, calomniez

« Non
affaire »,
« domination
masculine »,
« arbitraire »,
« excès
féministes », les
mots s’échauffent dans
le parti des Verts. Ce
qui est sûr, c’est que
la justice a déclaré
Julien Bayou non
coupable des
accusations dont il
était l’objet de
harcèlement moral
envers son ex
compagne. Résultat,
démission de son poste
de secrétaire général
des Verts, mise au
ban, retrait du parti,
il en sort à peine,
mais…
Mais
c’est
du bout des lèvres que
certains le
reconnaissent. Marine
Tondelier admet qu’il
n’est pas coupable
mais ne présente
aucune excuse aors que
d’autres estiment que
la cause féministe
glisse vers
l’affirmation de
choses non prouvées et
donc vers la rumeur.
Et, cerise sur la
gâteau, Sandrine
Rousseau estime qu’une
décision de justice ne
clôt pas le débat.
Je
dois
dire qu’elle est
sacrément gonflée. Je
m’en souviens
parfaitement, j’étais
devant mon écran de
télé lorsque Rousseau
dans l’émission C
dans l’air avait
lancée ces accusations
en s’appuyant sur des
déclarations que lui
aurait faites la
compagne de Bayou, qui
ne porta plainte que
beaucoup plus tard.
Cela se passait peu de
temps avant le congrès
d’EELV, en décembre
2022, et j’avais
immédiatement pensé
que Rousseau voulait
en prendre la tête. Ce
fut Tondelier qui remplaça
Bayou … Mais Rousseau
n’en démord pas, ne
dément rien, au
contraire.
Calomniez,
calomniez,
il en restera toujours
quelque chose. Ah
Voltaire, si tu
voyais…
19 février
2025: France, pays
de privilèges?

Il
existe
de par le monde
différents pays que
l’on qualifie d’un
néologisme :
illibéraux. Leurs
dirigeants, élus ou
pas, font un peu ce
qu’ils veulent, ce qui
flatte leur ego, ce
qui les arrange, sans
aucun souci de
l’intérêt général. La
France, ce beau
pays
démocratique, n’est
bien sûr pas dans ce
cas. Enfin, presque
pas…
Deux
évènements
récents attirent en
effet l’attention.
Tout
d’abord la nomination
d’un nouveau président
du Conseil
constitutionnel. Cette
institution veille à
la conformité à la
constitution des lois
et à la régularité des
élections nationales
et des référendums.
C’est dire si ses
membres doivent avoir
certaines compétences
juridique et présenter
au moins une apparence
de neutralité
vis-à-vis du pouvoir
politique. Or le
Président de la
république., E.
Macron, propose de
mettre à la tête de ce
conseil Richard
Ferrand, dont la seule
qualité est… d’être
son copain. Mis à part
cela, il est
particulièrement
incompétent en la
matière. Cette
proposition doit être
aujourd’hui ratifiée,
ou pas, par
l’Assemblée nationale
et les commentateurs
disent qu’un refus
serait un échec, voire
une baffe, pour le
président. Disons
qu’il l’aurait bien
cherché… Mais on reste
un peu coi devant une
telle inconséquence et
la pratique du règne
des copains et des
coquins.
L’autre
événement
concerne François
Bayrou. Il vient
d’obtenir la création
d’une liaison aérienne
entre sa ville de Pau
et l’aéroport d’Orly.
Or d’une part il
existe déjà une
liaison entre cette
ville et l’aéroport de
Roissy. Mais Orly est
plus proche du 7ème
arrondissement de
Paris où se trouvent
les bureaux de
Matignon et
l’appartement privé du
premier ministre.
D’autre part cette
nouvelle liaison sera
bien sûr déficitaire,
le déficit devant être
comblé par l’état,
c’est-à-dire par les
contribuables. Vous
n’y croyez pas ?
Vérifiez. Ajoutons à
cela que normalement
un ministre (et a
fortiori le premier
d’en eux) ne peuvent
pas rester maire d’une
ville. Nous sommes
décidément sous le
règne du n'importe
quoi...
Alors,
un
pays démocratique, la
France ? Ou un
lieu où le pouvoir
s’arroge quelques
privilèges, comme
promouvoir des copains
ou s’octroyer une
ligne aérienne
quasiment
privée ?
29 janvier
2025: Des
lendemanins qui
déchantent
Pendant
des
mois et des mois, Jo
Biden a
continué assidument à
soutenir Israël malgré
ses crimes de guerre
continus à Gaza et en
Cisjordanie .
Tout au plus avait-il,
à la fin de sa
présidence, arrêté la
livraison de bombes de
plus de 900 kilos.
Trump, au tout début
de la sienne, a
immédiatement rétabli
ces livraisons. Puis
il a suggéré
de
« faire le
ménage », ce sont
ses mots, à Gaza, en
déplaçant les Gazaouis
en Jordanie en en
Egypte, c’est-à-dire à
offrir la bande de
Gaza à l’impérialisme
israélien. On croit
rêver. Si cette
expression n’était pas
injurieuse pour un
peuple massacré, cela
pourrait s’appeler
mettre la poussière
sous le tapis.
Poussière, le peuple
de Gaza ? Et,
bien sûr, l’extrême
droite expansionniste
israélienne jubile.
Il
faut
dire que
l’expansionnisme
semble être, pour
Trump, une pente
naturelle. Il veut
mettre la main sur le
canal de Panama,
annexer le Groenland
et, pourquoi pas, le
Canada (voir mon
billet du 10 janvier)
et imposer des désirs
par la force. Nous
entrons en effet dans
une période de
rapports de force, de
menaces, où tout
pourrait s’acheter ou
se prendre. D’un côté
un Elon Musk qui
flatte les extrêmes
droites européennes,
en Italie, en Autriche
ou ailleurs, et les
finance sans doute. De
l’autre un président
qui fonctionne comme
le promoteur
immobilier qu’il était
en jouant de
« négociations »
sur le mode « ce
qui est à moi est à
moi, ce qui est à toi
on en discute ».
A eux deux, ils nous
annoncent un pays, les
USA, longtemps
considéré comme la
« plus grande
démocratie du
monde » et qui
tourne à une
autocratie illibérale,
avec une forte érosion
des libertés, une
indifférence face aux
lois, voire face à la
constitution, et une
menace latente
d’interventions
militaires.
Bref,
si
le peuple américain a
le droit de voter pour
un apprenti dictateur
qui veut mettre fin à
une bonne partie des
droit des femmes, des
minorités, des
migrants, et risque de
brader l’Ukraine ou
Taïwan comme il menace
de brader la
Palestine, c’est
l’ensemble du monde
qui risque d’en payer
les conséquences. En
particulier l’Europe,
qui s’est endormie en
croyant
à la
protection de l’OTAN,
à la solidarité avec
les peuples menacés,
et se réveille peuple
lui-même menacé.
Tout
cela
semble bien nous
préparer des
lendemains qui
déchantent.
16 janvier
2025: Dinda
estou aqui
Il
y
a de par le monde bien
des pays dans lesquels
des centaines, voire
desmilliers de
personnes ont disparu
sans qu’on n’ait
jamais retrouvé leurs
corps. On peut penser
au Chili, à
l’Argentine, au
Brésil, au Cambodge
des khmersrouges, à
l’Espagne de Franco,
etc. Les dictatures
auraient-elles une
habilité particulières
pour faire disparaître
les traces de leurs
crimes ? Ou
lespeuples ne
veulent-ils pas remuer
ces souvenirs
gênants ? Les
deux sans doute.
En
2021 Pedro Almodovar
avait dans son film Madres
paralelas ouvert
ce dossier
pour
l’Espagne. Une femme
veut
retrouver le corps de
son
arrière-grand-père,
fusillé en 1936 par
les franquistes et
jeté dans une fosse
commune et faitappel à
un anthropologue
judiciaire qui va
l’aider…
Le
cinéaste brésilien
Walter Salles
dans son dernier film,
Ainda estou aqui (Je
suis toujours là)
aborde une situation
semblable. En 1971, un
ancien député de
gauche, Rubens Paiva,
estenlevé par des
nervi se réclamant de
l’armée et disparaît.
Aucune inculpation
contre lui, aucune
trace de sa présence
dans les locaux de
l’armée. Sa femme,
Eunice,va se battre
pendant des années
pour savoir ce qu’il
lui est advenu. Ce
n’est qu’en 2014 que
les
travaux
de la
« Commission
nationale de la
vérité » lui
permettront de
d’obtenir une
certificat de décès de
son mariqui témoigne
de la culpabilité de
l’armée à l’époque de
la dictature. Et,
après ses années de
combat, ce certificat
est pour Eunice une
forme de réjouissance.
Ce
très beau film raconte
une histoire vraie,
s’appuyant sur un
livre publié en2015
par le fils de Rubens
Paiva. A la fois
glaçant et émouvant,
il décrit de façon
presque distanciée la
réalité des pratiques
de la dictature et
l’impossibilitéde
faire son deuil
lorsque l’on ne sait
rien de conditions de
la disparition d’un
être aimé
Le
paradoxe est
que la CNV a
révélé le nom des cinq
militaires responsable
de cette disparition
et de cet assassinat.
Ils sont
toujoursvivants,
n’onjamais été
inquiétés et jouissent
d’une confortable
retraite : une
amnistie générale a
été déclarée et
Bolsonaro est passé
par là…
10 janvier
2025: Discours de
racailles

Je
ne
sais pas s’il existe
aux USA une procédure
permettant de vérifier
l’état mental du
président, mais cela
serait fort utile pour
Trump. Sa dernière
lubie : élargir
son pays au Canada, au
Groenland et au canal
de Panama. Je
me souviens, au début
des années 1960, avoir
assisté à un meeting
sur un coup d’état
suscité en Amérique
Latine par la CIA,
dans lequel Jean-Paul
Sartre, citant la
doctrine de Monroe
(« l’Amérique aux
Américains »),
avait ajouté :
« qu’il faut bien
sûr comprendre
l’Amérique du Sud aux
Américains du
Nord ». La
doctrine de Trump
pourrait bientôt être
« Les limites des
USA sont
là où ça s’arrête mes
pulsions
hégémoniques »,
et ça l’arrangerait
bien sûr de mettre la
main sur les terres
rares du Groenland.
Pour
le
Canada, il avait
commencé depuis
quelques semaines une
déconstruction
sémantique en appelant
systématiquement
Trudeau (le premier
ministre, aujourd’hui
démissionnaire)
« gouverneur du
Canada ». Gouverneur,
comme les gouverneurs
des 50 états des USA,
et il est allé
récemment plus
loin en parlant du
Canada comme d’un
potentiel 51ème
état.
Pour
ce
qui concerne l’analyse
de l’état mental, Elon
Musk est également sur
les rangs, se
considérant comme le
futur président du
monde. Et un événement
récent illustre bien
le personnage. Le
premier ministre
démissionnaire du
Canada (mais qui
expédie les affaires
courantes) ayant
répondu vertement à
Trump, Musk a publié
un tweet que j’ai
d’abord vu, en
traduction française,
et qui commençait par
Meuf. Dans une
autre traduction, il
commençait par Chérie.
J’ai enfin mis la main
sur l’originel, que
voici :
Girl, you’re not the Governor of Canada
anymore, so doesn’t
matter what you say
On
voit
qu’il reprend la
formule de Trump (Governor
of Canada) et
qu’il appelle Trudeau
girl ! On
croit rêver devant
tant de vulgarité.
Musk parle comme un
voyou, et a en commun
avec Trump le goût de
la violence qui
devient leur
expression politique
favorite.
Quel
monde
cela nous
prépare-t-il ? Et
qui va payer les pots
cassés ? Pour la
deuxième question, la
réponse est
claire : tout le
monde. L’Europe bien
sûr, dont les
balbutiements
diplomatiques sont
ridicules. Le grand
Sud comme on dit,
auquel la Chine fait
pour l’instant les
yeux doux mais qui
paiera plus tard la
facture. Et dans
l’immédiat, l’Ukraine,
si comme je le crains
Trump et Poutine
s’entendent comme deux
larrons pour se
partager une partie de
la planète e couper ce
pays en deux.
Si
vous
avez aimé les petits
gangs de petits
mafieux de la drogue
au coin de votre rue,
vous allez adorer le
spectacle de ces
grands gangs dont les
chefs ont déjà un
discours de racailles
avant d’en avoir les
pratiques.
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