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Octobre 2025

 

Louis-Jean Calvet est décédé le 29 octobre 2025 en Tunisie.

 

Septembre 2025

 

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fleche12 septembre: Singes

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Ma compagne, qui est tunisienne, suit régulièrement mais de loin la politique française. Disons qu’elle se tient au courant. Elle vient de passer une semaine en France, chez moi, et a suivi  pour la première fois à la télévision une séance de l’Assemblée nationale. Ses commentaires sont à la fois surprenants et réjouissants.

« On dirait un immense espace dans lequel on a lâché des centaines de singes. Ils sautent dans tous les sens, hurlent, s’invectivent, rigolent, s’injurient, crient les uns plus forts que les autres. Une véritable cacophonie. Mais on n’a pas l’impression qu’ils tentent vraiment de communiquer, qu’ils parlent la même langue »…

Je vous livre ses réflexions telles quelles, et vous laisse imaginer ce qui se passerait si l’on voulait récupérer cet espace (Mais pour en faire quoi ? Des logements sociaux ?) et ramener tous ces singes chez eux.

 

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Août 2025

 

 

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fleche21 août: Cal demora

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Le Larzac, ça vous dit quelque chose ? Dans les années 1970 c’était un terrain de lutte qui avait mobilisé beaucoup de gens contre l’extension sur ce plateau d’un camp militaire. Mobilisation d’abord de paysans, puis de militants écologistes ou antimilitaristes. Le Larzac était devenu un symbole et un slogan était apparu face à ceux qui voulait faire déguerpir les paysans : cal demora (il faut rester). Le chanteur Patric en avait même fait un chanson (Cançon del Larzac)

Or je tombe sur une publicité pour un vin produit par un vignoble nommé Mas cal demoura ! On ne peut pas être plus clair. En outre, pour faire plus occitan, leur rosé et nommé Qu’es aquo. Tout cela s’appelle de la récupération.


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fleche4 août 2025: 
Trump n’a rien d’un clown

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Je suis tombé dans le Courrier international sur un article dont un article dont le titre m’a d’abord dissuadé de le lire : « Non, Donald Trump n’a rien d’un clown.  Encore un trumpiste ! Mais quelque chose ma frappé : il s’agissait de la traduction d’un articlepublié dans le Washington Post, peu soupçonnable de prendre à ce point la défense du président américain.

En fait le papier était signé par un clown, lui-même président de l’association Clownswithout Borders. Et il expliquait que le métier de clown s’apprend durant une vie entière, demande de l’empathie, consiste souvent à rendre le sourire à desgens malheureux, et de toute façon à faire rire. Or, poursuit-il, le mot clown est employé sans cesse pour signifier la bêtise ou l ‘incompétence, cequi caractérise une singulière incompréhension d’un métier qui est artistique : le clown sait nous rassembler dans le tire, la légéreté et la créativité.

Trump, donc, n’est pas un clown. Mais alors, comment trouver une meilleure métaphorepour désigner notre mépris pour tout ce qui ressemble à Trump ? Le président de l’association Clowns without Borders, qui sait donc de quoi il parle à une propositionque je vous soumets : bouffon.

 

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Juillet 2025

 


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25 juillet: 2025 :
Dimensions variables

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En 2017, quelques semaines avant l'élection présidentielle, le candidat EmmanuelMacron promettait "une République exemplaire". "Le principal danger pour la démocratie est la persistance de manquements à la probité parmides responsables politiques", expliquait-il notamment, assurant que "dans le principe, un ministre doit quitter le gouvernement lorsqu’il estmis en examen".

Cette décision éthique fut d’ailleurs très vite appliquée puisque plusieurs ministresmis en examen (parmi lesquels, d’ailleurs, l’actuel premier ministre, Bayrou) démissionnèrent. Depuis lors, cette éthique présidentielle s’est révélée àdimensions variables, comme le montre de façon aveuglante le cas de la ministre de la culture, Rachida Dati. Mise en examen, elle l’est, plusieurs fois même,mais elle est toujours en poste et garde « la confiance du président ». Il est vrai que mise en examen ne signifie pas culpabilité,mais cela ne correspond pas au principe émis par Macron en 2017, «un ministre doit quitter le gouvernement lorsqu’il est mis en examen". Pas une ministre ?

Ces petits arrangements permanents avec l’éthique rongent lentement la confianceque les citoyens font aux politiciens

.

Mais il y a pire. Depuis des dizaines d’années, depuis sa création en fait, l’étatd’Israël se comporte comme un état voyou, bafouant régulièrement les lois internationales et les résolutions de l’ONU. Et, puisqu’on le laisse faire, ilaggrave son cas sans vergogne : génocide à Gaza, vol d’une partie du territoire palestinien en Cisjordanie… Des enfants meurent de faim, Israëlbloque l’aide alimentaire, et les pays occidentaux condamnent ces atteintes aux droits de l’homme avant de tourner très vite le dos et de regarder ailleurs. Droitsde l’homme à dimensions variables…Et, là aussi, la confiance que les citoyens font aux politiciens s’érodent.

Cela est décourageant. On peut dénoncer, s’insurger, mais Israël reste une tacheaveugle dans la vision des droits de l’hommiste. Comme si l’horreur de la shoah avait généré pour les pays occidentaux une culpabilité éternelle et constituaitune sorte de rente pour Israël, l’exonérant par avance  pour ses crimes et son impérialisme.

 Et j’ai tout à fait conscience de l’inefficacité de ce billet.

 

 

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fleche15 luillet 2025: Marielle Rispail

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Je me suis récemment rendu compte que, depuis environ un quart de siècle, j’étais devenu une sorte de spécialiste des notices nécrologiques. Dans Libération, le Huffigton post ou ici même, je saluais la disparition de gens que j’aimais ou admirais, dressait leur portrait, leur rendait hommage. Et je me suis dit que cela suffisait, qu’à mon âge avancé cela ne pouvait que se multiplier et qu’il fallait y mettre un terme.

Et puis… Et puis m’y revoilà. La semaine dernière Marielle Rispail nous a quittés. Une amitié inoxydable nous liait depuis une quarantaine d’années et j’avais toujours pensé que je mourrais avant elle. Et bien non.

A travers le monde, des dizaines de collègues et d’étudiants se souviendront de son sourire irrésistiblement contagieux, de sa joie de vivre et de son empathie. Marielle aimait la vie, aimait les gens, tous les gens, sans trop de distinction. Elle volait au secours de ceux dont elle pensait qu’ils avaient besoin d’elle ou dont elle approuvait le projet. Toujours au côté des autres, ou derrière eux, généreuse, ouverte. Et son enthousiasme était sans limite, sans exclusive : une thèse, une nouvelle mise en scène de l’Opéra de quat’sous, un roman ou une chanson qu’elle venait de découvrir ou qu’elle voulait faire découvrir… Elle partageait tout, donnait sans cesse d’elle-même. Tout récemment je l’ai vue corriger avec minutie les épreuves des actes d’un colloque alors que rien ni personne ne lui imposait cette tâche. Tout cela, c’était Marielle.

C’était…

Avec elle, un soleil s’est éteint.

 

 

 

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Juin 2025

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fleche29 juin 2025: Aliboron

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La Francophonie institutionnelle (par exemple l’OIF, organisation internationale de la francophonie) fait depuis quelques temps peu parler d’elle, et Jean-Luc Mélenchon vient de lui apporter une « aide » dont elle aurait bien pu se passer. Lors d’un colloque à l’Assemblée nationale il a d’abord rappelé, ce que personne ne nie, que la langue française n’appartient plus à la France. Mais il poursuit bizarrement que l’on devrait lui trouver un autre nom et en propose lui-même un : créole.

Je ne sais pas dans quel dictionnaire Mélenchon est allé chercher la définition de créole, ou quel linguiste farfelu lui a soufflé cette idée. Mais, même s’il y a plusieurs théories différentes, toutes s’accordent sur un point : l’apparition d’un créole se situe toujours dans un contexte colonial et/ou esclavagiste.

En gros, on sait que des dominés ou des esclaves parlant des langues différentes se sont créé un moyen de communication à partir de la langue des dominants, en simplifiant ou plutôt régularisant sa syntaxe et son lexique et en y injectant des structures de leurs langues propres. Et l’on parle de créole lorsque ce moyen de communication est devenu langue première de leurs enfants.

Un créole est donc toujours en couple avec une autre langue : on parle ainsi de créole à base lexicale française, anglaise, espagnole, néerlandaise, etc… Français et créole coexistent, souvent de façon conflictuelle, à la Réunion, en Guyane ou en Martinique, l’anglais et le créole jamaïcain en Jamaïque, etc. Et l’on voit mal de quelle langue viendrait le « créole » français inventé par Mélenchon. En fait son idée baroque est une belle démonstration des bêtises auxquelles peut mener l’idéologie. Voulant s’opposer à juste titre au nationalisme ambiant qui voudrait faire des frontières, de la langue et, pourquoi pas, de la religion, les symboles de la nation, il se dit que si le français ne s’appelait plus le français il ne pourrait plus être l’un des symboles de la France.

Cette bêtise en présuppose une autre : en changeant le nom d’une chose, on la changerait ipso facto. Alors, pour finir, une question : Mélenchon changerait-il si l’on ne l’appelait plus Mélenchon mais Aliboron ?

 

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23  juin 2025: Et les civlis
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Trump bombarde l’Iran, l’Iran bombarde Israël, Netanyahou triomphe, on nous prépare un nouveau Moyen-Orient, l’Iran pourrait bloquer le détroit d’Ormuz, Erdogan et Poutine se frottent les mains, les pays occidentaux ne disent pas grand-chose mais sont bien contents que l’on fasse le travail à leur place… Les commentateurs de tous poils analysent, les spécialistes donnent leur avis : on a l’impression d’une vaste partie d’échecs dans laquelle il y a un peu plus de fous que d’habitude et les pions meurent vraiment.

Mais, dans ces commentaires et ces analyses il y a une grande absence, à laquelle Israël nous a habitué à propos de Gaza, l’absence des civils. Dans ce jeu de fous, tout se passe comme s’ils n’existaient pas. Ca tape dans tous les sens mais commentateurs et spécialistes ne voient que des cibles militaires, des objectifs stratégique, des lendemains qui déchantent. Des civils ? Passez, il n’y a rien à voir.

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fleche11 juin 2025: Chu quoc ngu
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Je travaille en ce moment sur l’ écriture, pour une raison un peu particulière. Les éditions Futuropolis m’ont demandé de faire, avec une graphiste, un livre BD sur l’histoire des écritures.  J’ai donc en partie changé de métier : me voici devenu scénariste de BD.

Il en va des systèmes d’écriture comme des langues : ils se sont répandus et imposés avec les colonisations. Ainsi l’alphabet latin domine largement dans le monde, suivi de loin par les alphabets arabe et cyrillique et par le système chinois. Et bien souvent, en ces temps décoloniaux, on revient aux langues identitaires et parfois à des systèmes d’écriture anciens.

Mais je viens de tomber sur un contre-exemple un peu surprenant. La langue vietnamienne a jusqu’au début du 20ème siècle était écrite en caractères chinois. Mais dès le 16ème siècle des missionnaires européens, à des fins de conversions, ont appris les langues locales et traduit des textes religieux en créant un alphabet ad-hoc. Ainsi  est publié au 17ème un Dictionarium annamiticum, lusitanum et latinum, un dictionnaire vietnamien portugais latin. Son écriture, le chu quoc ngu, va alors lentement se répandre et s’imposera totalement fin 19ème, avec la colonisation française.

Paradoxalement aujourd’hui le retour aux caractères chinois serait considéré comme rétrograde et le chu quoc ngu est  vu comme une part de l’identité vietnamienne : l’opposition ancestrale à l’empire chinois a promu l’alphabet hérité des colonialismes européens.

 

 

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fleche6 juin 2025:  Christophe Colomb, Donald Trump même combat?
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Depuis quelques semaines je suis souvent à l’étranger et néglige beaucoup ce blog. M’y revoilà, pour évoquer deux hommes que plus de cinq siècles séparent mais qui en même temps se ressemblent étrangement, au moins sur un point .

Lors de son premier voyage vers ce qu’il croyait être les Indes, en 1492, Christophe Colomb tenait un journal dans lequel il faisait preuve d’une véritable fièvre baptismale : il baptisait à tour de bras, passait son temps à nommer les îles, les caps, les baies qu’il «découvrait ». Ainsi il baptisait une île San Salvador (alors que ses occupants, les Tainos, l’appelaient Guanahani), en nommait une autre Juana (aujourd’hui Cuba), plus tard, dans un autre voyage, une île que ses occupants appellaient Karukera devenait sous sa plume Santa Maria de Guadalupe de Estremadura, etc… C’est-à-dire qu’il s’arrogeait le droit de nommer, voire de renommer, ce qu’il rencontrait, le plus souvent en utilisant des noms de la famille royale d’Espagne pour lui rendre hommage.

Mais ce droit de nommer, illustré par Christophe Colomb et perpétué par de nombreuses colonisations, n’a pas vraiment disparu. Il reposait sur un profonde mépris des gens qui avaient déjà nommé les lieux dans lesquels ils vivaient, la langue qu’ils parlaient ou l’ethnie qui étaient la leur. Depuis lors, le phénomène s’est inversé et, après les indépendances, de nombreux pays, villes ou rues ont changé de noms. Après un nomination exogène, venue de l’extérieur, c’est une nomination exogène qui s’installait, valse toponymique qui, dans ses différentes variantes, témoigne de différentes  choses. Une volonté identitaire d’abord, en particulier dans les anciennes colonies qui veulent se débarasser d’appellations coloniales. Un volonté de gommer ou d’oublier certains points de l’histoire, ou un volonté de prendre en compte certains mouvements de société (inclusivité, black lives matter, me too, etc.). Et enfin, et peut-être surtout, une volonté de gommer le droit exorbitant que s’attribuent certains de nommer, de classer, de discriminer l’autre.

 

Mais cette idée datant de l’époque de Christophe Colomb, selon laquelle « je nomme donc c’est à moi », ou « c’est à moi donc je nomme », connaît aujourd’hui un retour inattendu. La mer située entre la Chine, le Vietnam, la Malaisie et Bornéo, que la Chine cherche à annexer, s’appelle selon les pays mer du Sud, mer de Chine du sud ou mer de l’Est (au Vietnam). Et Donald Trump, faisant preuve d’une remarquable mégalomanie cartographique, a signé un décret rebaptisant le Golfe du Mexique Golfe d’Amérique, sans doute pour rendre l’Amérique « great again », et a même annoncé qu’il voulait désormais appeler le Golfe Persique Golfe Arabique, sans doute pour marquer son animosité envers l’Iran.

Colomb, Trump même combat ? Peut-être. Mais là où Christophe Colomb découvrait, même s’il ne savait pas vraiment ce qu’il découvrait, Trump ne découvre pas grand chose...

 

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Mai 2025


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fleche15 mai: Néo-norvégien
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Il y a plus de vingt ans que j’ai noté une nouveauté dans la communication des maisons d’éditions. Lorsqu’un ouvrage était traduit de l’anglais ou de l’espagnol par exemple on indiquait « traduit de l’anglais (USA) » ou « traduit de l’anglais (Nigeria) », « traduit de l’espagnol (Cuba) » ou « traduit de l’espagnol (Argentine) ». Ces précisions pouvaient se lire de deux façons différentes, complémentaires : l’affirmation de la compétence du  traducteur dans telle ou telle variante d’une langue et l’affirmation ou le reconnaissance de ces variantes. Et ces pratiques concernaient surtout les langues de grande diffusion, anglais, espagnol, français…

Or je viens de lire l’annonce de la parution d’un roman, Un nouveau nom, « traduit du néo-norvégien », mention qui peut surprendre : qu’est-ce que le néo-norvégien ? En fait, les exemples que je viens de prendre concernaient des variantes géographiques internationales : l’anglais ou l’espagnol de tel ou tel pays. Et il s’agit ici d’une variante interne à un pays. Après une longue histoire que je ne raconterai pas ici, on parle en Norvège deux formes linguistiques, le nynorsk (nouveau norvégien) et le bokmål (langue des livres) et une loi précise que « la langue bokmål et la langue nynorsk (sont des variantes linguistiques de valeur égale et ont un statut égal dans les communications écrites de tous les organismes de l’État, les communes et les municipalités régionales. »  En fait les différences entre les deux formes sont essentiellement phonétiques et font le bonheur des collectionneurs de timbres. On en trouve indiquant Norge, d’autres indiquant Noreg  et d’autres utilisant les deux formes.

En fait, le bokmål domine largement (80% des locuteurs) et les gens parlant l’une ou l’autre forme se comprennent parfaitement, même si l’on considère que le journaux écrits en nynorsk  sont plutôt de gauche et ceux écrits en bokmål plutôt de droite. Mais ce qui m’intéresse ici est que la mention « traduit du néo-norvégien » renforce l’existence de cette variante : la nomination a un pouvoir auquel on ne pense pas toujours.

 

 

 

 

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fleche5 mai 2025: BD
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Le dessinateur Aurel, collaborateur régulier du Canard enchaîné, est aussi l’auteur de livres qui, sous la forme de bande dessinée, abordent des sujets de fonds, vient  de sortir au éditions futuropolis Méditerranée, histoires d’un continent kaléidoscope, dans lequel, avec l’aide de divers spécialistes qu’il a interviewés, il aborde ce continent liquide de points de vue croisés et complémentaires. On y trouve les historiens Patrick Boucheron, Delphine Diaz et Guillaume Calafat, l’archéologue Guillem Perez Jorda, le cuisinier Jean Brunellin et quelques autres, mais aussi l’écho des migrants. Bref Aurel traite en 220 pages d’histoire, de cuisine, de conquêtes, de migrations, dans cette mer dans laquelle certains se baignent, surtout au Nord, et d’autre se noient, principalement au Sud. Une véritable réussite, à lire par ceux qui aiment les BD intelligentes.

Cerise sur le gâteau, si j’ose dire, il m’a également interviewé et j’y parle avec lui, sur une quinzaine de pages, de l’histoire des langues et des écritures en Méditerranée.

Et cela me fait tout drôle de me retrouver en personnage de bande dessinée. Enfin, vous verrez…

 
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Avril 2025


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fleche21 avril 2025: Relire Barthes
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 Les Mythologies, publiées en 1957, sont un recueil de chroniques que Roland Barthes avait pour la plupart publiées  lois après mois dans les Lettres nouvelles. Son propos était assez simple à comprendre: la société est bavarde, et elle émet des signes d’elle-même dont la répétition fait du sens. Du catch au steak-frite, des détergents au tour de France, il disséquait ainsi le discours de la société dont il tirera à la fin de l’ouvrage une théorisation : « Le mythe, aujourd’hui ».

Un de ces textes, écrit en 1955, prend aujourd’hui un sens particulier : « Iconographie de l’abbé Pierre ». On y trouvait des formules chocs. La coupe de cheveux, la barbe, la canne, la canadienne y étaient analysées comme une « forêt de signes » qui « déguise l’abbé en saint François ». Et la chute du texte laisse aujourd’hui rêveur :

« J’en viens alors à me demander si la belle et touchante iconographie de l’abbé Pierre n’est pas l’alibi dont une bonne partie de la nation s’autorise, une fois de plus, pour substituer impunément les signes de la charité à la réalité de la justice ».

Bien sûr, au moment où il écrivait ces lignes, un an après l’appel de l’hiver 1954 qui allait rendre l’abbé célèbre, Barthes de pouvait pas   savoir qu’en 1957 le « saint » allait être secrètement enfermé dans une clinique psychiatrique suisse, que le Vatican était parfaitement au courant de ses dérives sexuelles et qu’on lui retira cette même année la direction d’Emmaüs. C’est un livre récemment paru qui dévoile tout cela, un livre dont le litre, L’abbé Pierre, la fabrique d’un saint, sonne d’ailleurs comme du Barthes.

Je sais très bien qu’en m’appuyant sur la fin du texte de Barthes, sa conclusion, « substituer impunément les signes de la charité à la réalité de la justice » je transforme sa pensée. Il ne savait rien, ne pouvait rien savoir à l’époque, de ce qui allait plus tard intéresser la justice dans les agissements de l’abbé Pierre. Mais les hasards du style donnent parfois des expressions prémonitoires.

 

 

 

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fleche18 avril 2025: Paparazzade
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 Paparazzo, le personnage photographe dans le film de Fellini, La Dolce Vita, a eu une belle carrière dans la langue française, surtout au pluriel, paparazzi, pour désigner les photographes spécialisés dans le viol de la vie privée des personnalités. Il vient de réapparaître sous une autre forme, dans les conditions que l’on va voir.

Gisèle Pélicot, dont on a beaucoup parlé lors du procès qu’elle avait intenté à son ex-mari qui l’avait, sous sédation, livrée à des hommes, vient de porter plainte pour atteinte à la vie privée contre l’hebdomadaire Paris-Match qui a publié des photos d’elle avec celui qui serait son nouveau compagnon. Et une journaliste de radio, rendant compte de l’événement, l’a présentée comme victime d’une paparazzade. Joli nouveau mot, non ?

 

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fleche15 avril 2025: George Sand et Musset
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Je suis en train da travailler, dans le cadre d’un livre sur l’écriture, sur les différents moyens de jouer avec elle (virelangues, contrepèteries, etc.) Et je suis tombé sur des échanges épistolaires entre George Sand et Alfred de Musset qui ne manquent pas de sel.

Voici d’abord un poème envoyé par Musset envoie à George Sand dans lequel, en ne lisant que le premier mot de chaque vers, on tombe sur une autre texte :

Quand je mets à vos pieds un éternel hommage

Voulez-vous qu'un instant je change de visage ?

Vous avez capturé les sentiments d'un cœur

Que pour vous adorer forma le Créateur.

Je vous chéris, amour, et ma plume en délire

Couche sur le papier ce que je n'ose dire.

Avec soin, de mes vers lisez les premiers mots

Vous saurez quel remède apporter à mes maux.

 

Auquel elle répondit :

Cette insigne faveur que votre cœur réclame

Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.

 

Et en 1835 George Sand  jouait avec la linéarité de l’écriture en introduisant dans une lettre à son amant un sens caché grivois qui n’apparaissait qu’en lisant une ligne sur deux :

« Je suis très émue de vous dire que j’ai
bien compris l’autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite.
Nous causerons en amis, franchement.
Je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l’affection
la plus profonde comme la plus étroite
amitié, en un mot la meilleure preuve
que vous puissiez rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez que la solitude où j’ha-
bite est bien longue, bien dure et souvent
difficile. Ainsi en y songeant j’ai l’âme
grosse. Accourez donc vite et venez me la
faire oublier par l’amour où je veux me
mettre ».


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fleche9 avril 2025:  Quand le capitalisme se tire une balle dans le pied


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Dans le feuilleton trumpiste, où l’on semble régulièrement entendre le contraire de ce qui était affirmé la veille, il se produit parfois des choses qui font sourire.

Déjà le choc en retour qui a vu chuter les ventes des voitures Tesla, propriété d’Elon Musk était réjouissant. Mais de nombreuses autres marques américaines pourraient souffrir des fluctuations mentales du président des USA.

L’une des caractéristiques du capitalisme est qu’il cherche à produire au plus bas prix possible pour vendre le plus haut possible. Ainsi de nombreuses entreprises des pays du Nord ont délocalisé leur production dans des pays asiatiques où la main d’œuvre est très mal payée, comme la Chine, le Vietnam, l’Indonésie, l’Inde, etc. C’est par exemple le cas d’Apple, dont les téléphones sont en grande partie fabriqués en Chine, ou de Nike, dont les chaussures sont faites au Vietnam (la marque y possède plus de cent usines), en Chine et en Indonésie.

Or, à partir d’aujourd’hui, les importations venant de ces pays sont surtaxées aux USA (de 100% pour la Chine, de 46% pour le Vietnam). Conclusion : ces produits « américain » vont devoir augmenter de façon sensible leur prix de vente sur le marché américain, ou les producteurs vont devoir augmenter le prix de leurs produits ou réduire considérablement leur marge bénéficiaire. Et ce seront donc soit les consommateurs soit les entreprises qui vont payer l’addition. Il en découlera une chute des ventes ou un manque à gagner.

Je ne sais pas quelles chaussures utilise Trump pour ses parties de golf ni de quelle marque est son téléphone, mais le résultat de ses interventions douanières est assez hilarant : quand le capitalisme se tire une balle dans le pied.

 

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Mars 2025



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fleche14 mars 2025: Discrète rétractation


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Faut-il être étonné qu’un fait, une opinion ou affirmation envahisse à une époque donnée nos écrans et nos journaux et puisse disparaître et ne plus intéresser personne quand plus tard il s’avère que ce fait, cette opinion ou cette affirmation étaient erronés ?

Prenons l’exemple de Didier Raoult. Il y a à peine cinq ans on parlait de lui ou on l’interviewait sur toutes les chaînes de radio ou de télé, dans tous les journaux. Il avait disait-on (et surtout disait-il) trouvé avec l’hydroxychloroquine la solution pour guérir du Covid 19. Ses publications se multipliaient, ses expériences s’accumulaient et il n’en démordait pas, il était sûr de son fait et le proclamait avec morgue. Puis le rideau tomba sur cette affaire un peu burlesque, dehors Raoult et passons à autre chose.

Je viens de tomber par hasard sur un petit article dans les dernières pages de la revue Science et avenir de ce mois-ci, à peine une demi-page, qui relate pourtant un événement intéressant. La revue International Journal of Antimicrobial Agents  vient de « rétracter » un article qu’elle avait publié en mars 2020, signé par Didier Raoult et certains de ses collaborateurs, et qui portait justement sur les effets curatifs de l’hydroxychloroquine. L’étude portait sur 26 patients, ce qui est bien peu, six d’entre eux avaient en outre été retirés de l’étude (l’un était mort, deux autres en réanimation), le double aveugle n’avait pas été respecté et deux des auteurs étaient membres du comité éditorial de la revue.

Le journaliste de Science et avenir, Jean-Gabriel Ganascia,  explique qu’on pratique ce genre de rétractation dans trois cas de figure : une erreur de bonne foi, une fraude ou un plagiat. Et il conclut qu’il s’agit ici d’évidence d’une fraude. Qui fraude un œuf fraude un bœuf comme ne dit pas la sagesse populaire. Et il semble bien que Raoult et son équipe n’aient jamais cessé de frauder. Mais tout est bien qui finit bien, plus de quatre ans après : International Journal of Antimicrobial Agents n’a  jamais publié cet article puisqu’il a été retiré, ceux qui , nombreux, critiquaient Raoult, avaient raison, mais les média n’en parlent guère.

On peut tout de même s’interroger sur certaines pratiques scientifiques qui semble bien éloignées d’un minimum de déontologie.

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fleche2 mars 2025: Un blitzkrieg sémantique

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Il m’arrive de me demander ce qu’il peut y avoir dans la tête des électeurs de Trump. Ils considèrent comme un gourou un  voyou inculte, repris de justice, à la santé mentale incertaine et qui gère la politique comme il gère des affaires immobilières. Dirait-il que la terre est plate qu’ils acquiéceraient immédiatement…

Mais ce n’est pas là mon sujet du jour. Il a en effet signé un décret contre « les inepties de la gauche radicale », et la fondation nationale de la science vient, dans la foulée, de publier une liste de mots à éviter dans les projets de recherche. En voici un petit florilège :

Activisme, noir, personne de couleur, autochtone, femme, minorité, équité, égalité, inclusion, stéréotypes, trauma, genre, barrière, transgenre, transsexuel, LGBT, non binaire, assigné homme à la naissance, biologiquement féminin, biaisé, etc. etc. Joseph Goebbels, ministre de l’éducation du peuple et de la propagande d’Hitler, aurait apprécié ce blitzkrieg sémantique.

 

Que l’on comprenne bien : les agences gouvernementales arrêteraient de subventionner les projets de recherche dans lesquels figureraient ces mots et d’autres encore . Ce qui signifierait la fin de la liberté de recherche dans le pays. Et quand on voit cette liste de mots on se dit que, paradoxalement, les USA qui étaient considéré comme le pays de ce que certains ont appelé le « wokisme » est en train de devenir le paradis de l’anti « wokisme »…

 

Ajoutons à cela la décision de Trump de débaptiser le golfe du Mexique, qui serait désormais le golfe d’Amérique, ou la proposition d’Elon Musk de  nommer désormais « canal Georges Washington » la Manche, mer qui sépare la France du Royaume uni. On pourrait suggérer ces malades de folie baptismale d’appeler désormais la Nouvelle Orléans « Nouveau Berlin »…

 

Sommes-nous en 2025 ou dans la mise en place du 1984 de George Orwell ? Ce qui est sûr, c’est que ce qui était considéré, à tort ou à raison, comme la plus grande démocratie du monde, est en train de devenir tout le contraire. D’ici quelques années, je pense que des historiens se pencheront sur l’émergence de ce néofascisme. Pour l’instant, nous ne pouvons que compter les mois et les années jusqu’au départ de ce président à demi fou. En espérant que ses idées ne traversent pas trop vite l’Atlantique, pardon, l’océan américain.

 

 

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Février 2025

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  26 février 2025: Calomniez, calomniez

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« Non affaire », « domination masculine », « arbitraire », « excès féministes », les mots s’échauffent dans le parti des Verts. Ce qui est sûr, c’est que la justice a déclaré Julien Bayou non coupable des accusations dont il était l’objet de harcèlement moral envers son ex compagne. Résultat, démission de son poste de secrétaire général des Verts, mise au ban, retrait du parti, il en sort à peine, mais…

Mais c’est du bout des lèvres que certains le reconnaissent. Marine Tondelier admet qu’il n’est pas coupable mais ne présente aucune excuse aors que d’autres estiment que la cause féministe glisse vers l’affirmation de choses non prouvées et donc vers la rumeur. Et, cerise sur la gâteau, Sandrine Rousseau estime qu’une décision de justice ne clôt pas le débat.

Je dois dire qu’elle est sacrément gonflée. Je m’en souviens parfaitement, j’étais devant mon écran de télé lorsque Rousseau dans l’émission C dans l’air avait lancée ces accusations en s’appuyant sur des déclarations que lui aurait faites la compagne de Bayou, qui ne porta plainte que beaucoup plus tard. Cela se passait peu de temps avant le congrès d’EELV, en décembre 2022, et j’avais immédiatement pensé que Rousseau voulait en prendre la tête.  Ce fut Tondelier qui  remplaça Bayou … Mais Rousseau n’en démord pas, ne dément rien, au contraire.

Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. Ah Voltaire, si tu voyais…

 

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19 février 2025: France, pays de privilèges?

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Il existe de par le monde différents pays que l’on qualifie d’un néologisme : illibéraux. Leurs dirigeants, élus ou pas, font un peu ce qu’ils veulent, ce qui flatte leur ego, ce qui les arrange, sans aucun souci  de l’intérêt général. La France, ce beau  pays démocratique, n’est bien sûr pas dans ce cas. Enfin, presque pas…

Deux évènements récents attirent en effet  l’attention. Tout d’abord la nomination d’un nouveau président du Conseil constitutionnel. Cette institution veille à la conformité à la constitution des lois et à la régularité des élections nationales et des référendums. C’est dire si ses membres doivent avoir certaines compétences juridique et présenter au moins une apparence de neutralité vis-à-vis du pouvoir politique. Or le Président de la république., E. Macron, propose de mettre à la tête de ce conseil Richard Ferrand, dont la seule qualité est… d’être son copain. Mis à part cela, il est particulièrement incompétent en la matière. Cette proposition doit être aujourd’hui ratifiée, ou pas, par l’Assemblée nationale et les commentateurs disent qu’un refus serait un échec, voire une baffe, pour le président. Disons qu’il l’aurait bien cherché… Mais on reste un peu coi devant une telle inconséquence et la pratique du règne des copains et des coquins.

L’autre événement concerne François Bayrou. Il vient d’obtenir la création d’une liaison aérienne entre sa ville de Pau et l’aéroport d’Orly. Or d’une part il existe déjà une liaison entre cette ville et l’aéroport de Roissy. Mais Orly est plus proche du 7ème arrondissement de Paris où se trouvent les bureaux de Matignon et l’appartement privé du premier ministre. D’autre part cette nouvelle liaison sera bien sûr déficitaire, le déficit devant être comblé par l’état, c’est-à-dire par les contribuables. Vous n’y croyez pas ? Vérifiez. Ajoutons à cela que normalement un ministre (et a fortiori le premier d’en eux) ne peuvent pas rester maire d’une ville. Nous sommes décidément sous le règne du n'importe quoi...

Alors, un pays démocratique, la France ? Ou un lieu où le pouvoir s’arroge quelques privilèges, comme promouvoir des copains ou s’octroyer une ligne aérienne quasiment privée ?

 

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Janvier 2025

 

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29 janvier 2025: Des lendemanins qui déchantent

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 Pendant des mois et des mois, Jo Biden  a continué assidument à soutenir Israël malgré ses crimes de guerre continus à Gaza et en Cisjordanie . Tout au plus avait-il, à la fin de sa présidence, arrêté la livraison de bombes de plus de 900 kilos. Trump, au tout début de la sienne, a immédiatement rétabli ces livraisons. Puis il a suggéré  de « faire le ménage », ce sont ses mots, à Gaza, en déplaçant les Gazaouis en Jordanie en en Egypte, c’est-à-dire à offrir la bande de Gaza à l’impérialisme israélien. On croit rêver. Si cette expression n’était pas injurieuse pour un peuple massacré, cela pourrait s’appeler mettre la poussière sous le tapis. Poussière, le peuple de Gaza ? Et, bien sûr, l’extrême droite expansionniste israélienne jubile.

Il faut dire que l’expansionnisme semble être, pour Trump, une pente naturelle. Il veut mettre la main sur le canal de Panama, annexer le Groenland et, pourquoi pas, le Canada (voir mon billet du 10 janvier) et imposer des désirs par la force. Nous entrons en effet dans une période de rapports de force, de menaces, où tout pourrait s’acheter ou se prendre. D’un côté un Elon Musk qui flatte les extrêmes droites européennes, en Italie, en Autriche ou ailleurs, et les finance sans doute. De l’autre un président qui fonctionne comme le promoteur immobilier qu’il était en jouant de « négociations » sur le mode « ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi on en discute ». A eux deux, ils nous annoncent un pays, les USA, longtemps considéré comme la « plus grande démocratie du monde » et qui tourne à une autocratie illibérale, avec une forte érosion des libertés, une indifférence face aux lois, voire face à la constitution, et une menace latente d’interventions militaires.

Bref, si le peuple américain a le droit de voter pour un apprenti dictateur qui veut mettre fin à une bonne partie des droit des femmes, des minorités, des migrants, et risque de brader l’Ukraine ou Taïwan comme il menace de brader la Palestine, c’est l’ensemble du monde qui risque d’en payer les conséquences. En particulier l’Europe, qui s’est endormie en croyant  à la protection de l’OTAN, à la solidarité avec les peuples menacés, et se réveille peuple lui-même menacé.

Tout cela semble bien nous préparer des lendemains qui déchantent.

 

 

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16 janvier 2025: Dinda estou aqui

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Il y a de par le monde bien des pays dans lesquels des centaines, voire desmilliers de personnes ont disparu sans qu’on n’ait jamais retrouvé leurs corps. On peut penser au Chili, à l’Argentine, au Brésil, au Cambodge des khmersrouges, à l’Espagne de Franco, etc. Les dictatures auraient-elles une habilité particulières pour faire disparaître les traces de leurs crimes ? Ou lespeuples ne veulent-ils pas remuer ces souvenirs gênants ? Les deux sans doute.

En 2021 Pedro Almodovar avait dans son film Madres paralelas ouvert ce dossier  pour l’Espagne. Une femme  veut retrouver le corps de son arrière-grand-père, fusillé en 1936 par les franquistes et jeté dans une fosse commune et faitappel à un anthropologue judiciaire qui va l’aider…

Le cinéaste brésilien  Walter Salles dans son dernier film, Ainda estou aqui (Je suis toujours là) aborde une situation semblable. En 1971, un ancien député de gauche, Rubens Paiva, estenlevé par des nervi se réclamant de l’armée et disparaît. Aucune inculpation contre lui, aucune trace de sa présence dans les locaux de l’armée. Sa femme, Eunice,va se battre pendant des années pour savoir ce qu’il lui est advenu. Ce n’est qu’en 2014 que les  travaux  de la « Commission nationale de la vérité » lui permettront de d’obtenir une certificat de décès de son mariqui témoigne de la culpabilité de l’armée à l’époque de la dictature. Et, après ses années de combat, ce certificat est pour Eunice une forme de réjouissance.

Ce très beau film raconte une histoire vraie, s’appuyant sur un livre publié en2015 par le fils de Rubens Paiva. A la fois glaçant et émouvant, il décrit de façon presque distanciée la réalité des pratiques de la dictature et l’impossibilitéde faire son deuil lorsque l’on ne sait rien de conditions de la disparition d’un être aimé

 Le paradoxe est  que la CNV a révélé le nom des cinq militaires responsable de cette disparition et de cet assassinat. Ils sont toujoursvivants, n’onjamais été inquiétés et jouissent d’une confortable retraite : une amnistie générale a été déclarée et Bolsonaro est passé par là…  

 

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10 janvier 2025: Discours de racailles

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Je ne sais pas s’il existe aux USA une procédure permettant de vérifier l’état mental du président, mais cela serait fort utile pour Trump. Sa dernière lubie : élargir son pays au Canada, au Groenland et au canal de Panama.  Je me souviens, au début des années 1960, avoir assisté à un meeting sur un coup d’état suscité en Amérique Latine par la CIA, dans lequel Jean-Paul Sartre, citant la doctrine de Monroe (« l’Amérique aux Américains »), avait ajouté : « qu’il faut bien sûr comprendre l’Amérique du Sud aux Américains du Nord ». La doctrine de Trump pourrait bientôt être « Les limites des USA  sont là où ça s’arrête mes pulsions hégémoniques », et ça l’arrangerait bien sûr de mettre la main sur les terres rares du Groenland.

Pour le Canada, il avait commencé depuis quelques semaines une déconstruction sémantique en appelant systématiquement Trudeau (le premier ministre, aujourd’hui démissionnaire) « gouverneur du Canada ». Gouverneur, comme les gouverneurs des 50 états des USA, et il est allé récemment  plus loin en parlant du Canada comme d’un potentiel 51ème état.

Pour ce qui concerne l’analyse de l’état mental, Elon Musk est également sur les rangs, se considérant comme le futur président du monde. Et un événement récent illustre bien le personnage. Le premier ministre démissionnaire du Canada (mais qui expédie les affaires courantes) ayant répondu vertement à Trump, Musk a publié un tweet que j’ai d’abord vu, en traduction française, et qui commençait par Meuf. Dans une autre traduction, il commençait par Chérie. J’ai enfin mis la main sur l’originel, que voici :

Girl, you’re not the Governor of Canada anymore, so doesn’t matter what you say

On voit qu’il reprend la formule de Trump (Governor of Canada) et qu’il appelle Trudeau girl ! On croit rêver devant tant de vulgarité. Musk parle comme un voyou, et a en commun avec Trump le goût de la violence qui devient leur expression politique favorite.

Quel monde cela nous prépare-t-il ? Et qui va payer les pots cassés ? Pour la deuxième question, la réponse est claire : tout le monde. L’Europe bien sûr, dont les balbutiements diplomatiques sont ridicules. Le grand Sud comme on dit, auquel la Chine fait pour l’instant les yeux doux mais qui paiera plus tard la facture. Et dans l’immédiat, l’Ukraine, si comme je le crains Trump et Poutine s’entendent comme deux larrons pour se partager une partie de la planète e couper ce pays en deux.

Si vous avez aimé les petits gangs de petits mafieux de la drogue au coin de votre rue, vous allez adorer le spectacle de ces grands gangs dont les chefs ont déjà un discours de racailles avant d’en avoir les pratiques.

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